Eh oui, on ne le voit pas dans ce ramassis de propagande rebelle que sont les films de Mr Lucas (qui était à la solde de Mon Mothma, Ackbar, Organa et j'en passe ...), mais une attaque au sol de l'envergure de celle de Hoth ne pouvait se faire sans appui aérien (ou aérospatial dans le cas présent). Difficile d'imaginer un débarquement sans bombardement préalable et sans couverture contre les terribles chasseurs X-Wings et même les speeders T-47.
J'ai voulu donc montrer une autre version des choses, un "what-if", en racontant la bataille vue par la visière d'un pilote de chasseur TIE. Pour accentuer le réalisme, je me suis servi de mes connaissances en aviation et en techniques opérationnelles militaires pour étayer mon discours (comme en son temps le fit le très grand Timothy Zahn dans sa trilogie post Retour du Jedi).
Certains termes ou sigles pourront paraître un peu abrupts et pas très clairs, je m'en excuse (et encore, vous avez ici la version "light" ! J'en ai une autre version plus corsée où viennent s'ajouter de nombreux termes et sigles obscurs !
N'hésitez pas à poser vos questions en commentaire ou directement sur la page Facebook !
Enjoy and watch your six !
Chasseurs
et Proies
Par
le
Commodore
Ahrimann Kienes
Commandant
le 721ème
Escadron de Chasse "Falcons"
sur TIE/ln
Imperial
Star Destroyer Avenger
Le
pont-hangar d'un ISD (Imperial Star Destroyer) est un endroit d'une
tranquillité extrême, du moins jusqu'à ce qu'une
mission soit déclenchée. Dès lors, il devient la
proie d'une sorte de fièvre technologique et se remplit de
bruit et de personnel. Vu depuis la baie de la passerelle des Flight
Ops, cela ressemble à un étrange ballet où
chaque geste, chaque mouvement, sert un but précis : préparer
les chasseurs pour la mission.
Dans
le cas d'une mission planifiée, et non d'un scramble en
réponse à une attaque, les choses se font dans une
rigueur toute impériale. Tout d'abord, si pour une raison ou
pour une autre ce n'est déjà fait, le champ de force du
pont-hangar est activé et ce dernier est pressurisé.
Ensuite, l'officier en charge des Pre-Flight Procedures Ops (le
Pre-Flight Procedures Officer - PFPO ou "Puff"), déclenche
l'ouverture de tous les cockpits depuis sa console et lance les
routines d'activation des systèmes principaux des TIE, à
savoir, l'électrique générale, l'avionique et
l'armement. Ensuite, le FODO, Flight Operations Duty Officer, aussi
surnommé Space Boss, introduit les données spécifiques
à la mission à venir dans les ordinateurs de bord en
coordination avec le chef de patrouille ou commandant d'escadrille
concerné, qui apportera les modifications de dernière
minute en fonction des rapports des renseignements.
Le
chef d'escadrille, aujourd'hui, c'est moi. Je suis le Commodore
Ahrimann Kienes, commandant le 721st
Fighter Squadron embarqué à bord de l'Imperial Star
Destroyer Avenger du Capitaine Needa. Notre tâche : couvrir le
débarquement de Stormtroopers sur la base rebelle de Hoth. Le
gros du CAS (Close Aerospace Support) doit être effectué
par le 87th
"Scimitar" Squadron de TIE Bombers, dont les cibles seront
marquées au traceur à ions par un TIE/Rc de
reconnaissance et des commandos au sol.
Notre
boulot, à bord de nos TIE/ln, est de nous assurer la maîtrise
des cieux au-dessus et à la périphérie de Hoth
et de prévenir la fuite des transports rebelles. Une partie de
mon escadrille doit, en outre, assurer la couverture des bombardiers
et empêcher toute interception par les X-Wings adverses et
d'effectuer des passes de strafing sur des cibles d'opportunité
et d'assurer une partie du TST (Time Sensitive Targetting). Des
escouades de Scouts au sol, parachutées en HALO (High Altitude
– Low Opening) sur des positions avancées, ont pour mission
de marquer au laser les cibles non répertoriées
représentant une certaine valeur tactique et un handicap pour
la progression des Snowtroopers et des quadripodes blindés
AT-AT.
Je
quitte la salle de briefing. L'ambiance est électrique :
depuis la destruction de la Death Star en orbite autour de Yavin,
tout le monde est pressé d'en découdre avec la
Rébellion. Je fais un bref détour par la cafétéria,
juste le temps de boire une bonne tasse de thé Ithorien bien
corsé et d'avaler un sandwich. La mission risque de durer,
mieux vaut prendre des forces avant le décollage ! Mon second,
le Capitaine Veyg Visten, entre à ce moment-là ; lui
aussi vient manger un morceau avant le début de la mission.
L'holo-écran projette le journal interne de la flotte.
Celui-ci est essentiellement axé sur les préparatifs
inhérents à la campagne en cours. Veyg me tape sur
l'épaule en riant lorsque j'apparais à l'écran :
un gars du Military Imperial Press Office a tenu à
m'interviewer ce matin et j'ai visiblement l'air mal à l'aise
devant la caméra ! Le reportage passe ensuite aux AT-AT et à
leurs équipages. Le Général Maximilien Veers
lui-même explique dans les grandes lignes le déroulement
de la mission à venir, fier de présenter ses blindés
et leurs pilotes. Il assurera en personne le commandement sur le
terrain dans le walker de tête, désigné Blizzard
1.
Nous
voyons ensuite défiler les Stormtroopers fittés Snow
qui se dirigent en rangs vers les quadripodes. Le Colonel Varrakis,
qui commande le contingent de Stormtroopers à bord de
l'Avenger, présente le Lieutenant Daemond Bach', qui dirigera
la 4ème
Section de la 2ème
Compagnie. La 4ème
Section sera chargée d'infiltrer la base rebelle par les
tunnels et d'incapaciter les transports ennemis directement dans
leurs hangars à l'aide de lance-missiles à concussion
portables et d'E-Webs. Sale boulot ! Après avoir essuyé
le gros des tirs ennemis, ils allaient devoir crapahuter dans les
tunnels glacés et risquer de les voir s'effondrer sur eux au
premier départ de feu. Qu'on me laisse tranquille dans mon
cockpit ! Je préfère affronter 4 X-Wings dans mon œuf
sans boucliers que de me retrouver un blaster à la main au
fond d'une tranchée !
Veyg
et moi buvons une dernière tasse de jus quand retentit enfin
la voix du FODO dans la sono centrale :
-
Attention à tous les pilotes : la flotte vient de passer en
subluminique. Navettes Lambda Shelter 1-4 et 2-4 décollage
immédiat. TIE/rc Vyper 2-5, préparez-vous au lancement.
Escadrille Scimitar 8-7, Escadron Falcon 7-2-1, tous les pilotes
rejoignent leurs appareils pour un décollage dans 18 minutes.
Je répète …
-
Bon. Va falloir y aller.
Nous
sautons de nos tabourets, attrapons nos casques et nous dirigeons
vers le pont-hangar principal. Autour de nous, des combinaisons
noires courent dans tous les sens. Dans les haut-parleurs, le Puff
égrène les procédures pré-vol :
-
Ici PFPO. Initiation des procédures PV. Champ de force
extérieur activé, check. Pont-hangar pressurisé,
check. Ouverture des cockpits, check. Début des routines
pré-lancement : alimentation générale, check.
Avionique générale, check. Mise en route des
ordinateurs de vol, check. Armement, check. Procédures PV
terminées.
Ca
y est. Mes appareils sont opérationnels. Veyg et moi nous
débouchons sur l'enchevêtrement de passerelles qui
encadrent nos chasseurs. Les derniers pilotes sautent sur leur siège,
aidés par un mécano, se sanglent et connectent
l'interface qui relie le dispositif de visée de leur casque à
l'ordinateur de combat du TIE. Les systèmes de survie, eux,
sont intégrés à la combinaison et au plastron,
la série des TIE n'étant pas pressurisée.
Veyg
cogne son casque contre le mien et m'adresse un clin d'œil avant de
rejoindre lui aussi son taxi.
Je
prends la passerelle de gauche et je me dirige vers la station de
contrôle des opérations où m'attend le FODO pour
les derniers préparatifs avant lancement. Scimitar Leader, le
Commodore Alastar Malion, est déjà là et discute
avec le Major Reyac, le Space Boss du jour. Malion m'adresse un
hochement de tête entendu et nous entrechoquons nos casques en
guise de salut rituel. Vyper 2-5, quant-à-lui, ne dépend
pas d'une escadrille particulière et, de par sa tâche
spécifique, ne participe pas au briefing, son ordinateur de
vol étant préprogrammé par ses propres soins
pour la mission. D'ailleurs, son cockpit est verrouillé depuis
longtemps et il est déjà prêt à être
lancé. Il en va de même pour les navettes Lambda
"Shelter", qui sont censées nous fournir la
protection de leur générateur de bouclier lors de notre
entrée dans l'atmosphère. Ces vaisseaux spécialement
équipés ont été conçus pour
fournir aux appareils sans déflecteurs – et particulièrement
la série TIE – le moyen de pénétrer dans
l'atmosphère d'une planète sans subir l'échauffement
inévitable qui pourrait s'avérer dangereux pour la
cellule fragile de nos chasseurs.
La
procédure veut que les chefs d'escadrilles engagées sur
le théâtre d'opérations entérinent les
informations entrées par le Space Boss dans les ordinateurs de
vol, aussi, nous confirmons par nos codes personnels chaque bus de
données qui passe du contrôle central à nos
machines. Enfin, tous les plans de vol sont entrés et validés
; Malion et moi grimpons alors dans nos appareils. Je regarde
l'écoutille de son TIE Bomber se refermer dans un chuintement.
Avant de faire de même, je jette un coup d'œil autour de moi :
je sais que certains de mes pilotes ne reviendront peut-être
pas. Mais y penser maintenant ne sert à rien. On aura tout le
temps de s'en soucier après la bataille.
Le
moment est venu. H moins 6 minutes. Je me laisse glisser sur le
siège, mon méca, Len Gerts, m'aide à m'attacher
et connecte l'ombilic qui me relie à ma machine. Il me
souhaite bonne chasse et s'éloigne alors que j'abaisse le
levier qui descend le siège dans sa position de vol et que je
ferme et verrouille la verrière. L'air contenu dans
l'habitacle est chassé et, comme à chaque fois, le
silence qui suit le tumulte du pont d'envol m'étouffe. Mais
cela ne dure pas : déjà la voix du Contrôle
Départ se fait entendre dans mes écouteurs et égrène
les secondes avant le lancement.
Nous
entrons en orbite de Hoth. C'est à Vyper 2-5 de jouer ; notre
tour viendra peu après. D'abord les Scimitar, ensuite nous,
les Falcon, en OCA tout d'abord, pour assurer la couverture des
bombers, mais aussi en ASFAO sur les cibles d'opportunité.
Vyper 2-5 confirme les ordres du CD et se prépare à la
"Chute". La Chute, c'est le moment où les clamps qui
maintiennent le chasseur arrimé à son rack s'ouvrent et
où l'appareil tombe littéralement vers la baie ouverte
du dock principal sous l'effet de la gravité artificielle. A
ce moment précis, les moteurs à ions ne sont toujours
pas allumés. Une fois l'appareil sous le ventre du Star
Destroyer, des batteries de rayons tracteurs réservés à
cet effet, catapultent le chasseur jusqu'à atteindre sa
vitesse de vol nominale. Ce n'est qu'à cet instant précis
que le système de propulsion embarqué prend
automatiquement le relais. En résumé, le pilote n'a
aucun contrôle sur son appareil pendant la totalité des
phases de catapultage et de récupération, ce qui permet
des opérations de lancement coordonnées et rapides,
surtout quand la mission implique le déploiement de plusieurs
escadrons. Mais c'est aussi une question de sécurité :
le Twin Ion Engine utilise un gaz radioactif contenu dans un
réservoir à très haute pression situé
juste sous le siège du pilote. L'explosion accidentelle de ce
réservoir à l'intérieur du pont-hangar pourrait
avoir des conséquences désastreuses ! D'autre part, la
traînée d'ions lourds générée par
ce type de moteur en fonctionnement serait néfaste pour
l'ensemble du personnel du pont d'envol. Maintenant que j'y pense, je
n'ai jamais atterri avec mon TIE !
Enfin.
Ca a commencé. Loin sur ma gauche, j'aperçois entre les
rangées de TIE Bombers le TIE/rc de Vyper-2-5. Les témoins
de statut du clamp passent soudain du rouge au bleu et en un éclair,
il tombe et disparaît dans le vide de l'espace. Dans quelques
secondes, l'escadrille Scimitar fera le grand saut et ensuite, à
nous de jouer !
H
moins 20 secondes. La sirène d'alerte retentit, intimant
l'ordre à tous les mécanos de dégager les
passerelles. H moins 10 secondes. Les accès au pont d'envol
sont verrouillés pour pallier à toute dépressurisation
intempestive. 9, 8, 7, j'agrippe le manche, je mets les pieds sur le
palonnier et je me cale confortablement dans mon siège. 6, 5,
4, d'un mouvement du pouce, je checke les cadences de tir et la
distance d'harmonisation de mes armes. 3, 2, 1, lancement !
Rang
après rang, les Scimitars décrochent et filent sous le
ventre de l'Avenger. L'un d'eux a un problème. Là-bas,
à la troisième rangée, un TIE Bomber est resté
accroché à son clamp. Il gîte sur sa gauche, là
où le verrou a fonctionné correctement. Le droit est
bloqué. J'imagine l'équipage en train de pester : pour
eux, la mission est finie avant d'avoir commencé ! Les mécas
vont devoir attendre que tous les appareils soient partis pour
intervenir. D'ici là, ce sera trop tard. Une fois le
séquenceur automatique de lancement enclenché, on ne
peut le stopper.
Mais
je n'ai pas le temps de me soucier de leur sort bien longtemps. Le
pont-hangar défile verticalement devant mes yeux tandis que
mon bon vieux TIE se met en chute libre. Je ne sens quasiment rien,
les amortisseurs inertiels absorbent la quasi-totalité de
toute contrainte liée aux G.
La
chute semble durer une éternité dans le silence. En
fait, il ne faut que 1.75 seconde pour atteindre l'espace et déjà,
les rayons tracteurs de catapultage me poussent en avant. Les
vibrations caractéristiques et les témoins lumineux de
démarrage m'indiquent que mes moteurs sont lancés. Je
suis libre et seul maître à bord. Enfin.
Un
coup d'œil sur mon écran tactique et aux données qui
s'affichent sur la visière de mon casque me confirme que tous
mes chasseurs sont partis et rejoignent la formation. Devant nous,
les silhouettes pâles des bombardiers de la 87 ont ralenti pour
nous permettre de nous positionner plus rapidement. Shelter 2-4
rejoint le cœur de notre formation, attendant d'engager son
projecteur de bouclier. J'ordonne à Visten d'adopter la
position prévue avec la moitié de l'escadron, sur le
flanc droit des Scimitars.
C'est
à ce moment que Vyper 2-5, qui a quitté sa Shelter pour
entrer dans le vif du sujet, prend contact avec nous pour nous donner
un aperçu de la situation :
- Scimitar 8-7, Falcon 7-21 de Vyper 2-5, Over.
Nous
accusons réception. Vyper reprend :
-
Aucun véhicule blindé en vue. Leurs GBADs consistent en
plusieurs batteries quad AG-2G. Batteries anti-blindés Atgar
et antipersonnel Golan DF.9 sur le périmètre. Ciel
dégagé, rien en l'air pour le moment. Deux T-47 en
patrouille à 12 Km Nord-Est de la base ennemie en TBA.
Plusieurs éclaireurs montés sur biologiques dans les
environs. Nombreuses tranchées en rangées successives
entourent la zone. Les équipes Scouts sont en place.
Indicatifs Sierra-Kilo 1-1 à 5-1, coordonnées par
Sierra-Kilo 6 sur fréquence réservée 214.75.
Juste pour info : Sierra-Kilo 4-1 nous informe de la présence
d'un canon à ions de type Planet Defender V-150 dans un canyon
à l'Est de la base. Ne vous en occupez pas, il est
inaccessible depuis les airs, comme par les véhicules au sol.
Storm Cent Ops est déjà informé et la batterie a
été désignée comme objectif prioritaire
pour les escouades de Snows. Sierra Kilo 2-1 et 3-1 nous confirment
la présence de plusieurs entrées de tunnels aux abords
des installations. Sierra Kilo 6 a donné l'ordre à ses
équipes de commencer à marquer les objectifs d'intérêt.
Je me prépare également pour ma première passe
de marquage. Scimitar 8-7, tenez-vous prêts à intervenir
à mon signal. Falcon 7-21, stand by pour couverture. Sierra
Kilo 6 vous informera au fur et à mesure des départs
éventuels de bogies et de TSTs. Bonne chasse ! Vyper 2-5 Out.
Nous
nous plaçons en orbite moyenne d'attente. Sur notre droite, la
flotte se place en position de blocus tandis que l'Avenger et les
autres bâtiments devant prendre part à l'assaut
terrestre font mouvement vers la planète. Dans moins de 15
minutes, ils devront larguer les barges de débarquement et les
navettes Sentinel de transport de troupes. Si seulement nous avions
pu disposer d'un croiseur Interdictor, nous n'aurions pas eu besoin
de toute cette force pour empêcher les rebelles de fuir en
vitesse lumière. Malheureusement, le croiseur Constrictor du
Capitaine Leymann avait dû être mis en cale sèche
le mois précédent suite à la surtension de l'un
de ses générateurs de champ gravifique. Le surplus
d'ondes gravitationnelles avait été si intense et
soudain qu'une partie de sa superstructure s'était
littéralement effondrée sur elle-même. Fort
heureusement, il s'agissait d'une zone uniquement occupée par
de l'équipement et des cellules énergétiques et,
hormis quelques blessés légers, aucune perte n'était
à déplorer.
Je
garde l'œil fixé sur mon HUD. Au fur et à mesure, des
spots lumineux apparaissent. Les Scouts font bien leur boulot.
Bientôt, les bombardiers décrocheront pour se porter au
contact des cibles ennemies. J'aimerais bien avoir quelque chose à
faire en attendant ! Une petite interception de chasseurs rebelles
serait la bienvenue pour passer le temps … Malheureusement, il
semble que ces damnés renégats réservent leur
chasse pour la protection des transports. Dommage, la détente
me démange !
-
Scimitar 8-7 de Vyper 2-5, cibles désignées pour
frappes aux missiles à concussion. Suivez ma route et
appréciez la balade ! Bonne chance ! Vyper 2-5 Over & Out.
-
Reçu Vyper. Scimitar sur le glide. Scimitar Leader à
Scimitar Squadron. Off sur les sécurités, on se
déploie. Vous me suivez à intervalles de 8 secondes.
Falcon Leader, l'espace est à vous. On compte sur votre
backup, Over.
-
Vous pouvez y aller les yeux fermés, Scimitar. Falcon se
charge de nettoyer le ciel des insectes nuisibles. Vous n'en aurez
même pas un sur votre pare-brise. Falcon 2, prêt à
mon top. Over & Out.
Il
était temps, je commençais à avoir des fourmis
dans les jambes ! Je cale mes pieds dans les palonniers de contrôle,
je vérifie une énième fois la distance de
convergence de mes canons. On n'est jamais trop prudent ! Devant
nous, les TIE Bombers plongent vers la surface, accompagnés
par Shelter 1-4, tandis que 2-4 vient se placer sur nos arrières.
Les premiers bombardiers commencent à s'entourer d'un halo de
plasma sous l'effet de la friction atmosphérique. Déjà,
je sens les vibrations de mon chasseur alors que nous nous préparons
à descendre vers la surface, et une seconde plus tard, mon
cockpit est baigné par la lueur des flammes qui enveloppent
mon TIE.
A
ce moment là, les Shelters sont nos yeux et notre seule
protection. Les projecteurs de déflecteurs extrêmement
précis dont sont équipées les navettes, plutôt
que d'émettre une bulle globale autour de notre formation, ce
qui entraînerait une dépense énorme en énergie,
ciblent en fait chaque appareil individuellement. Le champ de force
électromagnétique ne perd donc pas d'efficacité
avec la distance, comme ce serait le cas pour une sphère
géante, et est mieux adapté à la morphologie de
chaque type de chasseur. L'inconvénient majeur est que la
formation doit rester aussi homogène que possible : les
projecteurs de déflecteurs n'ont pas la rapidité
d'exécution d'un calculateur de tir ! Le nombre de paramètres
entrant en ligne de compte est faramineux. En effet, l'ordinateur de
bord de la navette doit intégrer, pour chaque appareil, le
type, la vitesse, les variations d'assiette et d'angle d'attaque, la
masse, la charge emportée, mais aussi d'autres données
externes à la formation, telles que la densité
atmosphérique et son type, l'angle d'entrée, la valeur
du champ magnétique planétaire, la présence ou
non de boucliers, bref, tout un tas de petits détails qui font
qu'il vaut mieux ne pas trop s'écarter de sa route sous peine
de finir en jolie pluie d'étoiles …
La
visière auto-polarisante de mon casque m'évite
l'éblouissement pendant les quelques instants où
persiste la bulle plasmique et puis soudain, le bleu et le blanc du
ciel et de la neige immaculée envahissent mon champ de vision.
Le ciel est étonnamment clair et limpide, un temps rêvé
pour une attaque au sol. A partir de cet instant, tout va très
vite. Nous nous dégageons sur les côtés et en
hauteur pour donner de l'espace à Scimitar 8-7 et regardons
les machines entamer leur piqué sur les défenses de la
base rebelle. Quelques tirs anti-aériens nous accueillent,
mais nos appareils volent trop vite et leur faible surface frontale
en fait des cibles beaucoup trop difficiles à atteindre pour
des troupes mal entraînées. Malion annonce "shotgun"
sur la fréquence générale pour annoncer
l'ouverture du feu. Au moment du premier largage, aucun de nos hommes
n'est touché et les explosions secondaires au sol prouvent
l'efficacité et la précision de l'attaque. Tandis que
nous redressons, la vapeur dégagée par la chaleur des
déflagrations et des tirs de lasers crée une sorte de
brume blanche et fantomatique. J'ai l'impression de regarder un
holofilm.
Notre
formation, TIE Bombers en tête, effectue un break gauche serré
au-dessus de la base même, non sans lâcher une ou deux
rafales de lasers sur les superstructures. Nous nous lançons
ensuite dans une grande boucle qui nous ramènera dans la
trajectoire des lignes rebelles et nous permettra de survoler les
défenses ennemies en BA et à haute vitesse. Le champ de
bataille se rapproche à une vitesse vertigineuse et déjà,
une nouvelle volée de missiles à concussion s'échappe
des baies des Scimitars, soulevant à nouveau un banc de
brouillard de neige.
A
ce moment, Vyper 2-5 nous donne le signal pour des passes de strafing
sur les tranchées ennemies. A mon top, l'escadron se sépare
en trinômes et chacun se dirige vers un objectif désigné.
Je me vois assigner l'interception d'un T-47 qui sort à ce
moment-là d'un hangar dissimulé. En bas et sur ma
gauche, se dirigeant dans la direction opposée. Je coupe les
gaz et je bloque mon palonnier tout à gauche, tout en faisant
basculer mon chasseur en spirale. Le gars n'a pas l'air de m'avoir
encore repéré et je me retrouve presque à sa
verticale, en piqué accentué. Je me prépare à
tirer. Trop tard ! Le canonnier assis en place arrière du
speeder ennemi a dû me voir : j'ai le soleil en face et son
reflet sur ma verrière a certainement attiré son
regard. Il dégage en chandelle, juste sous mon nez. Habile ;
si je ne change pas de cap, je risque la collision. Mais l'engin que
je pilote n'a rien d'un airspeeder, c'est le meilleur chasseur de
supériorité aérospatiale jamais conçu. Je
coupe les moteurs, je donne tout à cabrer et je laisse
l'inertie faire son œuvre. Je me retrouve bientôt le nez en
l'air, à vitesse presque nulle et je regarde le pilote rebelle
entrer inexorablement dans mon collimateur. Je redonne juste ce qu'il
faut de gaz pour maintenir mon altitude et calmement, je presse les
détentes de mes canons. Une seule rafale. Le speeder disparaît
dans une boule de feu orangée, semant des débris
noircis dans le ciel d'azur.
Mes
ailiers me dépassent en trombe. Je ferme à nouveau les
gaz une fraction de seconde, un coup sec sur le palonnier ramène
mon TIE à l'horizontale et j'ouvre à nouveau en grand.
Impeccable. Ce sacré chasseur répond au doigt et à
l'œil. Je reprends aussitôt de l'altitude, en quête
d'une nouvelle cible, rejoint par mes deux coéquipiers qui
viennent se placer en arrière et de chaque côté.
Les communications sont saturées de cris enthousiastes de
pilotes et d'officiers d'armement des TIE Bombers. Chacune de leurs
passes est couronnée de succès et aucune perte n'est à
signaler. D'autre part, toujours aucun signe de chasse ennemie. Je
décide donc de concentrer les efforts de mon escadron sur les
passes de mitraillage. Autant éliminer le maximum de
résistance pour faciliter la progression des troupes au sol.
Les colonnes de vapeur sont innombrables et se mêlent aux
volutes de fumée noire des équipements en train de
brûler. Mon panneau droit reçoit un impact de blaster
léger. Encore un qui ne doute de rien. Je signale mes
intentions à mes ailiers, je bascule sur la droite, pour
m'aligner sur la tranchée en contrebas et je règle mes
canons sur la cadence de tir la plus rapide. Je pique. Les TIE qui me
suivent se placent en ligne derrière moi, à intervalles
réguliers et se préparent à m'imiter. De petites
silhouettes s'agitent dans le sillon de neige. Je commence à
ouvrir le feu tout en redressant petit à petit le nez de mon
taxi. Je ralentis. Quelque chose attire mon regard en avant, sur la
gauche. Une forme noire autour de laquelle s'activent plusieurs
hommes. Tous se couchent … Un E-Web sur affût ! Mais je n'ai
pas le temps de m'en soucier car, à la seconde même où
le servant de l'arme lourde s'apprête à ouvrir le feu
sur moi, la pièce explose, frappée par un missile à
concussion. Je remercie chaleureusement Scimitar 8-76 pour son tir
aussi précis que salvateur et je dégage droite. Juk et
Hundriks lâchent leurs dernières rafales et me suivent.
Je redescends et une tourelle Atgar vole en éclats sous les
impacts de mes lasers. Encore une. Là, sur cette petite butte,
un poste d'observation avancé. Je pique. Feu ! Encore. La
cible n'explose pas, elle est certainement équipée d'un
générateur de bouclier. Je poursuis en tir continu …
Enfin ! Je passe dans un nuage de fumée noire et j'entends les
débris ricocher contre ma carlingue. Je suis trop bas !
Beaucoup trop bas ! Target fascination. A mon âge, je me fais
encore avoir ! Je n'ai même pas prêté attention à
la voix de synthèse de Bitching Betty qui me hurle une alerte
collision depuis 10 secondes. Heureusement, mon zinc tient décidément
à me sauver la peau et répond parfaitement quand je
tire sur le manche. De justesse. Dans mon moniteur de vue arrière,
j'aperçois la gerbe blanche soulevée par mon passage au
ras de la poudreuse. J'effectue un retournement et je me dirige vers
le champ de bataille. Tout y est calme, du moins en apparence. Je
suppose que là, en bas, dans les tranchées et les
tunnels, des dizaines de soldats attendent notre départ pour
remplacer leurs camarades tombés et se préparer à
l'assaut en surface. Je sonne le rassemblement de mon escadron et je
nous place sur un large pattern autour de la zone des combats.
A
ce moment, Scimitar Leader prend du large et nous demande également
de libérer l'espace aérien. Leur liste d'objectifs est
remplie et Vyper 2-5 est sollicité pour une passe en BDA. Une
minute plus tard, et après collationnement avec Sierra-Kilo 6,
Vyper 2-5 confirme la destruction des cibles marquées.
Le
Joint Command Center à bord de l'Avenger lance alors le nom de
code Blizzard sur les fréquences réservées :
l'assaut au sol va bientôt commencer. Scimitar Leader cabre et
dégage en orbite. Pour eux, la partie est terminée et
ils s'en sont sorti haut la main. Notre score aussi est honorable et
c'est la tête haute que nous fusons vers l'espace pour notre
injection en orbite. Soumettant nos appareils à moins de
contraintes physiques que pour l'entrée, celle-ci se fait sans
l'aide des Lambda Shelter.
Après
la blancheur de la neige, nous voilà revenus dans le noir de
l'espace. Scimitar 8-7 regagne l'Avenger et se prépare à
fêter "sa" victoire. Quant à nous, une autre
tâche nous attend. Les rebelles vont certainement tenter de
faire décoller leurs transports et si les Star Destroyers ne
parviennent pas à les en empêcher, ce sera à
nous, en orbite lointaine, de former la dernière ligne de
défense et de prévenir tout passage en luminique.
Rien
à signaler pour le moment … Wow ! Ca c'est pas passé
loin ! Un tir de canon à ions lourd en provenance de la
planète vient de nous dépasser et frappe le Star
Destroyer Devastator de plein fouet ! Alerte senseurs : un transport
rebelle escorté par deux T-65 tente de s'échapper.
C'est lui que le Planet Defender couvre de ses tirs. Le Devastator
est à la dérive, sa passerelle et ses systèmes
de propulsion ionisés par les décharges du V-150. Son
inertie et le puits gravifique de Hoth l'attirent inexorablement vers
les hautes couches de l'atmosphère. S'ils ne reprennent pas le
contrôle dans les secondes qui suivent, on court à la
catastrophe. Je regrette déjà que l'on ait commencé
à déclasser les bons vieux SD de classe Victory. Ils
étaient plus petits et moins puissants, mais eux, au moins,
avaient des capacités atmosphériques dignes de ce nom.
Comm
de l'Avenger : on nous retaske pour intercepter les chasseurs. Pour
le transport, quant-à-lui, c'est trop tard. Il a profité
du moment de flou qui a suivi la neutralisation du Devastator pour
échapper à l'attraction de la planète et passer
en hyperespace. Trop tard pour ces maudits X-Wings aussi ! Ils ont
fait volte-face pour plonger de nouveau dans l'atmosphère et
sont hors de notre portée. Le manque de boucliers du TIE nous
empêche de continuer la poursuite et attendre le renfort d'une
Lambda Shelter ne serait d'aucune utilité. Tant pis, on aura
les prochains …
Nouveaux
tirs du canon. Un autre transport a décollé. Cette
fois, ils ne s'en tireront pas aussi bien. Avenger C3 nous aiguille
sur les trois appareils. Le SD Terror engage le cargo, un classe
Action IV dont la coque témoigne de nombreuses années
de service. Les pilotes des X-Wings nous ont repérés et
breakent vers nous pour nous intercepter. Je demande à Veyg de
prendre le commandement du reste de l'escadron tandis que je décroche
avec Juk et Hundriks pour aller à leur rencontre. Nous nous
retrouvons en face à face. Les rebelles ouvrent le feu.
J'ordonne aussitôt à mes ailiers de déclencher
une évasive "Active Crescent 4" sur trois axes.
Moi-même, je me lance dans une vrille ascensionnelle avant de
replonger vers les intercepteurs ennemis. Les T-65 se séparent.
L'un vers le haut et l'autre vers la droite – concernant ces
références de "haut" et "bas",
notez que nous nous servons généralement de l'attitude
de notre vaisseau-mère comme point de référence.
J'ordonne
à Juk et Hundriks de se charger de celui de droite ; je me
réserve le second. Mes ailiers acquiescent et dégagent
pour le suivre. Je réduis la cadence de tir de mes armes et
augmente le ratio de puissance. Ces damnés chasseurs Incom
sont équipés de bons déflecteurs, pour les
descendre, il faut mettre le paquet. Le salaud vire serré mais
sur le point de la manoeuvrabilité, mon TIE est de loin
supérieur et je lui colle aux basques. Il renverse sur la
gauche et plonge. Grossière erreur. Le temps de réponse
de ses thrusters est trop long et la demi-seconde d'inertie me suffit
largement pour me placer dans ses six heures. Je lâche une
première rafale. Il déclenche une barrique à
droite et les traceurs à ions de mes canons laser l'encadrent
sans le toucher. Je l'imite et je maintiens la distance qui sépare
nos appareils. Il feinte à gauche, tentant de me faire croire
qu'il va poursuivre sur un break serré. Deuxième
erreur. Je suis trop vieux pour me laisser avoir par cette ruse de
rookie. Je conserve ma trajectoire et j'anticipe le virage à
droite qui suit son retournement.
A
cet instant, mon adversaire comprend que je suis dans son "cône
mortel", cette zone fictive à l'arrière d'un
chasseur où le tir ennemi fera mouche à coup sûr.
C'est là qu'il tente une diversion qui me surprend totalement
: il tire deux torpilles à protons en snapshot, c'est-à-dire
sans acquisition préalable, dans la direction générale
de mon TIE. Bien entendu, à cette distance et sans cible
accrochée, les têtes des armes n'ont aucune chance de me
toucher, mais ça suffit à me déconcentrer une
seconde. Je cabre en déclenchant un tonneau à gauche et
ce salopard en profite pour couper ses moteurs, pivoter sur son axe
horizontal et plonger à droite pour rompre le combat. Mais
celle-là, on me l'a déjà faite ! Je laisse mon
chasseur poursuivre son tonneau afin de me retrouver sur une
trajectoire d'interception. Je suis "à l'envers" par
rapport à lui. Il ne me reste plus qu'à pousser des
talons sur les palonniers pour redresser le nez en avant de sa
course. Pour le rebelle, il est trop tard pour réagir. Je
presse les détentes. J'ai l'impression que tout se passe au
ralenti. Le X-Wing entre de lui-même dans le feu de mes armes
et les impacts frappent les déflecteurs au niveau de son nez
et remontent le long du fuselage. Je compense juste assez pour
permettre plusieurs tirs sur le même point. Les boucliers
cèdent dans des éclairs bleutés et je vois mes
lasers déchirer son fuselage. Le cockpit disparaît dans
une gerbe de feu quand l'oxygène de la cabine s'enflamme,
tuant son pilote sur le coup. Puis les réservoirs de carburant
explosent et désintègrent le reste du chasseur. Mieux
vaut lui que moi. Dans ce genre de jeu, il n'y a pas de place pour
les perdants.
Je
rétablis et je jette un œil sur mon scope senseurs pour voir
où en sont Juk et Hundriks. Les choses n'ont pas l'air de se
passer aussi bien pour eux : Juk est talonné par le deuxième
T-65 tandis que Hundriks essaie de se placer en position de tir. Mes
deux ailiers sont jeunes, surtout Juk, qui participe là à
sa cinquième sortie seulement. Voilà à la fois
l'inconvénient et l'avantage découlant de l'absence de
boucliers du TIE : soit les pilotes n'ont pas le temps d'acquérir
suffisamment d'expérience sur leur machine et se font abattre
très tôt dans leur carrière, soit ils survivent
et au fil des missions, deviennent les meilleurs pilotes de chasse de
la Galaxie. Malheureusement, les deuxièmes sont beaucoup trop
rares, mais la doctrine Impériale sur les effectifs de la
chasse mise sur le nombre, pas forcément sur l'expérience.
Les rebelles ont beau avoir de bons appareils, et parfois, de très
bons pilotes, à vingt ou trente contre un, ils n'ont quasiment
aucune chance de survie.
A
mon grand désarroi, Juk fait partie de la première
catégorie de pilotes et son TIE explose en milliers de
fragments scintillants, son réservoir de gaz touché par
un coup de laser. Le T-65 traverse le nuage de débris sans
s'en soucier. Une nouvelle fois, ses maudits déflecteurs le
protègent des impacts. Hundriks, lui, n'est pas aussi bien
lotti. Trop près du pilote rebelle, il ne peut dégager
à temps et son panneau solaire droit est arraché par un
morceau de la verrière de Juk. Son TIE se met à tourner
sur son axe dans une vrille incontrôlable : le chasseur est
perdu et Hundriks le sait. Avant de s'éjecter, il lâche
une dernière bordée de lasers … et fait mouche ! Son
tir endommage irrémédiablement le moteur haut-gauche du
X-Wing. J'imagine le pilote ennemi en train de se débattre
avec ses commandes et de hurler des ordres à son droïde
astromech pour tenter de reprendre le contrôle. Je dépasse
Hundriks au moment ou son canopy s'éjecte. Puis un éclair
blanc m'apprend que son appareil a explosé. J'espère
juste qu'il a réussi à s'en extirper vivant.
Je
vérifierai plus tard. Pour le moment, j'ai un travail à
finir : achever ce foutu rebelle, pour Juk et pour Hundriks. Cette
fois, je n'aurai pas de mal, le X-Wing se traîne et a perdu une
grande partie de sa maniabilité. Calmement, froidement, je me
place derrière lui et j'ouvre le feu. Une longue rafale
transperce le chasseur ennemi de part en part et il éclate
enfin. J'évite de justesse le dôme de l'unité R-4
qui vient à ma rencontre et je dégage de la zone de
blast.
Sur
mon scope, un blip bleu me dit qu'Hundriks s'en est sorti, grâce
à sa combinaison pressurisée et un autre, triangulaire,
me signale qu'une intervention CSAR a été activée
et qu'une navette Sentinel a d'ores et déjà quitté
le Terror pour se porter à son secours. Tant mieux, je déteste
perdre mes pilotes, surtout quand ils ont le talent d'Hundriks.
Je
me souviens alors du Devastator, en perdition au dessus de Hoth. Je
retourne mon appareil et une vision d'horreur remplit ma verrière
: le Star Destroyer a basculé sur son axe et descend toujours,
attiré par la gravité de la planète. Il tombe
lentement, comme une feuille de son arbre. Un flash au niveau des
moteurs … oui, c'est bien ça, ils ont rétabli la
propulsion. Mais les moteurs principaux ne fonctionnent toujours pas,
ils avancent sur leurs seuls propulseurs d'appoint. Avec l'inertie
qu'a gagné le bâtiment, ça ne suffira pas. La
flotte entière semble retenir son souffle. Et puis tout
doucement, presque imperceptiblement au départ et puis de
manière de plus en plus visible, le Devastator se redresse,
degré par degré. Un tapis de plasma recouvre son
ventre, il vient de rencontrer les hautes couches de l'atmosphère.
Le timonier qui a réalisé cet exploit mérite
d'être décoré : il a positionné le navire
de sorte que l'angle d'attaque le fasse ricocher sur l'air comme un
galet plat sur l'eau. La proue du Star Destroyer se relève peu
à peu et il commence à gagner de la vitesse. Les
propulseurs principaux se rallument tout-à-coup, faisant
bondir le monstre en avant. Ils sont sauvés !
Je
reporte alors mon attention sur la situation autour de moi. Pendant
le rétablissement miraculeux du Devastator, Hundriks a été
récupéré par l'équipe CSAR.
Malheureusement, plusieurs transports de l'Alliance ont réussi
à forcer le blocus avant que les Snowtroopers ne fassent taire
définitivement le canon à ions planétaire.
L'Avenger s'est, de son côté, lancé à la
poursuite d'un transport Corellien léger YT-1300. Je ne
comprends pas pourquoi, mais celui-ci ne passe pas en hyperespace,
bien que suffisamment éloigné du puits gravitationnel
de la planète. Un X-Wing solitaire décolle et passe la
barre de la vitesse lumière avant que quiconque n'ait le temps
de réagir.
Trois
gars du 463ème
Escadron en CAP autour de la flotte se ruent eux aussi aux trousses
du cargo. Le pilote du transport doit être fou ou bien
complètement stupide, ou les deux. A fond de subluminique, il
vient de pénétrer dans le champ d'astéroïdes
non loin de Hoth, bientôt suivi par les trois TIE. Je n'ai pas
l'occasion de leur prêter main forte car Avenger Control
rappelle à son bord tous les chasseurs ayant pris part à
l'opération Blizzard. Je remets en place les sécurités
de mes canons et je ralentis pour me diriger vers le pont-hangar.
Visten et le reste du 721 me rejoignent et reprennent la formation.
Trois par trois, ils décrochent selon les consignes de
l'officier d'appontage et intègrent le circuit par la gauche.
Pendant ce temps, l'Escadron orbite autour du Star Destroyer. Trois
spots bleus sur nos scopes virent alors au rouge avant de disparaître
: l'un après l'autre, les trois chasseurs du 463 ont percuté
des astéroïdes et se sont désintégrés.
Aucun survivant, évidemment. Pauvres gars. Au moins, ils ont
essayé …
Quant
au transport, il a disparu dans le champ de cailloux. Dans l'instant,
un détachement de TIE Bombers décolle pour pilonner
systématiquement tout astéroïde d'une taille
suffisante pour abriter un vaisseau de ce type alors que toute la
flotte se prépare à se déployer pour ratisser la
zone.
Pour
nous, c'est terminé. Les trois derniers TIE viennent de
rentrer ; restent Veyg et moi. L'alerte qui retentit dans nos casques
nous signale le départ imminent de la flotte. Il est temps de
revenir au bercail. Nous sommes dans la boucle et l'OA nous donne les
dernières directives. Dernier virage par la gauche pour venir
sous le ventre de l'Avenger par l'arrière. Courte finale, je
coupe les gaz et je laisse l'inertie amener mon chasseur sous le
pont-hangar. Les rampes d'éclairage fixées au plafond
du pont inondent mon TIE d'une crue lumière blanche. Le miroir
aux alouettes aligne deux rangées de spots bleus, ce qui
signifie que je suis sur le glide. Le décompte avant
récupération s'affiche en haut à gauche sur ma
visière. 4, 3, 2, 1, top. Le rayon tracteur me fait décélérer
rapidement et me tire vers le râtelier au plafond où
s'alignent déjà des dizaines de chasseurs et de
bombardiers.
Un
léger frémissement m'apprend le passage de relais entre
le tracteur de récupération et celui d'arrimage. Je
remonte maintenant à la verticale et dans quelques secondes,
les clamps de mon rack viendront emprisonner les pylônes de
part et d'autre de l'habitacle. L'arrivée dans le dock
pressurisé annonce la fin du silence de l'espace, les soupapes
de ventilation s'ouvrent et emplissent le cockpit d'air conditionné.
Bientôt, j'entends le "clank" et je ressens le
dernier choc qui marque la fin de la mission et la solidarisation de
mon appareil à son vaisseau-mère. Je déconnecte
mon casque de l'ordinateur de bord et je le dépressurise. Plus
besoin de ça maintenant. Je l'ôte et je le pose sur mes
genoux. Encore une minute avant que le Puff, ne donne le feu vert
pour déverrouiller et ouvrir les cockpits. Déjà,
j'entends mon enregistreur de mission bourdonner : le Centre
d'Analyse des Données de Mission, le CADM, downloade les
informations contenues dans ses circuits. Tout sera passé au
crible, décortiqué et envoyé aux Services de
Renseignements Impériaux et sera également utilisé
pour le débriefing.
Le
"psschh" caractéristique du canopy et le chuintement
des vérins me sortent de ma rêverie. Je lève la
tête ; mon mécano est penché au-dessus de moi et
sourit en levant un pouce. Je lui renvoie son geste et j'active le
levier qui ramène mon siège en position haute.
-
Joli, me dit-il en m'aidant à me détacher. Trois
victoires homologuées, en plus de nombreuses cibles au sol.
-
Deux, je lui réponds. Je tiens à ce qu'Hundriks se voie
attribuer le dernier X-Wing. C'est lui qui l'a shooté, je n'ai
fait que l'achever.
-
'Soyez pas modeste, Commodore ! Me lance-t-il en coin. Vous n'êtes
pas un si mauvais pilote, vous savez !
Je
lui envoie mon casque dans le ventre en riant. Cela fait des années
que le Tech-Sergeant Len Gerts est mon mécanicien attitré
et jamais je ne pourrais me passer de lui. Il me connaît aussi
bien que mon chasseur !
Je
le lui confie, d'ailleurs, je sais qu'il est entre de bonnes mains.
Sur
la passerelle, je retrouve Veyg. Nous nous regardons une seconde d'un
air entendu et nous entrechoquons nos casques, comme d'habitude. Nous
éclatons de rire, comme en réponse à une
plaisanterie muette. Encore une mission à laquelle on a
survécu.
Il
existe un proverbe dans la chasse Impériale :
"Il
n'y a pas de vieux pilotes de TIE"
C'est
vrai. Je n'en ai jamais rencontré. Veyg approche de la
quarantaine, c'est le plus ancien d'entre nous sur l'Avenger et
peut-être dans toute la flotte. Moi-même, je fêterai
mon trente-cinquième anniversaire cette année. Qui sait
si je verrai le trente-sixième ?
Mais
nous, les "chasseux", comme on nous surnomme dans la
Marine, nous ne pensons jamais à ça trop longtemps. Si
ça doit arriver, ça arrivera. N'appelez pas ça
du défaitisme ou du fatalisme, c'est juste la vie. A nous de
retarder l'échéance !
La
sono nous appelle à la salle de débriefing, la seule
partie du boulot que je déteste ! Ensuite, une bonne bière
de Sullust, un énorme steak de Bantha avec des pommes blisk au
four et je tire ma révérence !
Demain
on remettra ça.
Demain
on essaiera de rentrer tous ensemble et en un seul morceau.
Demain
on vérifiera encore une fois jusqu'à quel âge
peut vivre un pilote de TIE Fighter !