mardi 15 avril 2014

Chasseurs et proies - Ou l'histoire de la Bataille de Hoth vue par un pilote Impérial.



Eh oui, on ne le voit pas dans ce ramassis de propagande rebelle que sont les films de Mr Lucas (qui était à la solde de Mon Mothma, Ackbar, Organa et j'en passe ...), mais une attaque au sol de l'envergure de celle de Hoth ne pouvait se faire sans appui aérien (ou aérospatial dans le cas présent). Difficile d'imaginer un débarquement sans bombardement préalable et sans couverture contre les terribles chasseurs X-Wings et même les speeders T-47.

J'ai voulu donc montrer une autre version des choses, un "what-if", en racontant la bataille vue par la visière d'un pilote de chasseur TIE. Pour accentuer le réalisme, je me suis servi de mes connaissances en aviation et en techniques opérationnelles militaires pour étayer mon discours (comme en son temps le fit le très grand Timothy Zahn dans sa trilogie post Retour du Jedi).

Certains termes ou sigles pourront paraître un peu abrupts et pas très clairs, je m'en excuse (et encore, vous avez ici la version "light" ! J'en ai une autre version plus corsée où viennent s'ajouter de nombreux termes et sigles obscurs !

N'hésitez pas à poser vos questions en commentaire ou directement sur la page Facebook !

Enjoy and watch your six !


Chasseurs et Proies

Par le
Commodore Ahrimann Kienes
Commandant le 721ème Escadron de Chasse "Falcons" sur TIE/ln
Imperial Star Destroyer Avenger


Le pont-hangar d'un ISD (Imperial Star Destroyer) est un endroit d'une tranquillité extrême, du moins jusqu'à ce qu'une mission soit déclenchée. Dès lors, il devient la proie d'une sorte de fièvre technologique et se remplit de bruit et de personnel. Vu depuis la baie de la passerelle des Flight Ops, cela ressemble à un étrange ballet où chaque geste, chaque mouvement, sert un but précis : préparer les chasseurs pour la mission.

Dans le cas d'une mission planifiée, et non d'un scramble en réponse à une attaque, les choses se font dans une rigueur toute impériale. Tout d'abord, si pour une raison ou pour une autre ce n'est déjà fait, le champ de force du pont-hangar est activé et ce dernier est pressurisé. Ensuite, l'officier en charge des Pre-Flight Procedures Ops (le Pre-Flight Procedures Officer - PFPO ou "Puff"), déclenche l'ouverture de tous les cockpits depuis sa console et lance les routines d'activation des systèmes principaux des TIE, à savoir, l'électrique générale, l'avionique et l'armement. Ensuite, le FODO, Flight Operations Duty Officer, aussi surnommé Space Boss, introduit les données spécifiques à la mission à venir dans les ordinateurs de bord en coordination avec le chef de patrouille ou commandant d'escadrille concerné, qui apportera les modifications de dernière minute en fonction des rapports des renseignements.

Le chef d'escadrille, aujourd'hui, c'est moi. Je suis le Commodore Ahrimann Kienes, commandant le 721st Fighter Squadron embarqué à bord de l'Imperial Star Destroyer Avenger du Capitaine Needa. Notre tâche : couvrir le débarquement de Stormtroopers sur la base rebelle de Hoth. Le gros du CAS (Close Aerospace Support) doit être effectué par le 87th "Scimitar" Squadron de TIE Bombers, dont les cibles seront marquées au traceur à ions par un TIE/Rc de reconnaissance et des commandos au sol.

Notre boulot, à bord de nos TIE/ln, est de nous assurer la maîtrise des cieux au-dessus et à la périphérie de Hoth et de prévenir la fuite des transports rebelles. Une partie de mon escadrille doit, en outre, assurer la couverture des bombardiers et empêcher toute interception par les X-Wings adverses et d'effectuer des passes de strafing sur des cibles d'opportunité et d'assurer une partie du TST (Time Sensitive Targetting). Des escouades de Scouts au sol, parachutées en HALO (High Altitude – Low Opening) sur des positions avancées, ont pour mission de marquer au laser les cibles non répertoriées représentant une certaine valeur tactique et un handicap pour la progression des Snowtroopers et des quadripodes blindés AT-AT.

Je quitte la salle de briefing. L'ambiance est électrique : depuis la destruction de la Death Star en orbite autour de Yavin, tout le monde est pressé d'en découdre avec la Rébellion. Je fais un bref détour par la cafétéria, juste le temps de boire une bonne tasse de thé Ithorien bien corsé et d'avaler un sandwich. La mission risque de durer, mieux vaut prendre des forces avant le décollage ! Mon second, le Capitaine Veyg Visten, entre à ce moment-là ; lui aussi vient manger un morceau avant le début de la mission. L'holo-écran projette le journal interne de la flotte. Celui-ci est essentiellement axé sur les préparatifs inhérents à la campagne en cours. Veyg me tape sur l'épaule en riant lorsque j'apparais à l'écran : un gars du Military Imperial Press Office a tenu à m'interviewer ce matin et j'ai visiblement l'air mal à l'aise devant la caméra ! Le reportage passe ensuite aux AT-AT et à leurs équipages. Le Général Maximilien Veers lui-même explique dans les grandes lignes le déroulement de la mission à venir, fier de présenter ses blindés et leurs pilotes. Il assurera en personne le commandement sur le terrain dans le walker de tête, désigné Blizzard 1.

Nous voyons ensuite défiler les Stormtroopers fittés Snow qui se dirigent en rangs vers les quadripodes. Le Colonel Varrakis, qui commande le contingent de Stormtroopers à bord de l'Avenger, présente le Lieutenant Daemond Bach', qui dirigera la 4ème Section de la 2ème Compagnie. La 4ème Section sera chargée d'infiltrer la base rebelle par les tunnels et d'incapaciter les transports ennemis directement dans leurs hangars à l'aide de lance-missiles à concussion portables et d'E-Webs. Sale boulot ! Après avoir essuyé le gros des tirs ennemis, ils allaient devoir crapahuter dans les tunnels glacés et risquer de les voir s'effondrer sur eux au premier départ de feu. Qu'on me laisse tranquille dans mon cockpit ! Je préfère affronter 4 X-Wings dans mon œuf sans boucliers que de me retrouver un blaster à la main au fond d'une tranchée !

Veyg et moi buvons une dernière tasse de jus quand retentit enfin la voix du FODO dans la sono centrale :

- Attention à tous les pilotes : la flotte vient de passer en subluminique. Navettes Lambda Shelter 1-4 et 2-4 décollage immédiat. TIE/rc Vyper 2-5, préparez-vous au lancement. Escadrille Scimitar 8-7, Escadron Falcon 7-2-1, tous les pilotes rejoignent leurs appareils pour un décollage dans 18 minutes. Je répète …

- Bon. Va falloir y aller.

Nous sautons de nos tabourets, attrapons nos casques et nous dirigeons vers le pont-hangar principal. Autour de nous, des combinaisons noires courent dans tous les sens. Dans les haut-parleurs, le Puff égrène les procédures pré-vol :

- Ici PFPO. Initiation des procédures PV. Champ de force extérieur activé, check. Pont-hangar pressurisé, check. Ouverture des cockpits, check. Début des routines pré-lancement : alimentation générale, check. Avionique générale, check. Mise en route des ordinateurs de vol, check. Armement, check. Procédures PV terminées.

Ca y est. Mes appareils sont opérationnels. Veyg et moi nous débouchons sur l'enchevêtrement de passerelles qui encadrent nos chasseurs. Les derniers pilotes sautent sur leur siège, aidés par un mécano, se sanglent et connectent l'interface qui relie le dispositif de visée de leur casque à l'ordinateur de combat du TIE. Les systèmes de survie, eux, sont intégrés à la combinaison et au plastron, la série des TIE n'étant pas pressurisée.
Veyg cogne son casque contre le mien et m'adresse un clin d'œil avant de rejoindre lui aussi son taxi.

Je prends la passerelle de gauche et je me dirige vers la station de contrôle des opérations où m'attend le FODO pour les derniers préparatifs avant lancement. Scimitar Leader, le Commodore Alastar Malion, est déjà là et discute avec le Major Reyac, le Space Boss du jour. Malion m'adresse un hochement de tête entendu et nous entrechoquons nos casques en guise de salut rituel. Vyper 2-5, quant-à-lui, ne dépend pas d'une escadrille particulière et, de par sa tâche spécifique, ne participe pas au briefing, son ordinateur de vol étant préprogrammé par ses propres soins pour la mission. D'ailleurs, son cockpit est verrouillé depuis longtemps et il est déjà prêt à être lancé. Il en va de même pour les navettes Lambda "Shelter", qui sont censées nous fournir la protection de leur générateur de bouclier lors de notre entrée dans l'atmosphère. Ces vaisseaux spécialement équipés ont été conçus pour fournir aux appareils sans déflecteurs – et particulièrement la série TIE – le moyen de pénétrer dans l'atmosphère d'une planète sans subir l'échauffement inévitable qui pourrait s'avérer dangereux pour la cellule fragile de nos chasseurs.

La procédure veut que les chefs d'escadrilles engagées sur le théâtre d'opérations entérinent les informations entrées par le Space Boss dans les ordinateurs de vol, aussi, nous confirmons par nos codes personnels chaque bus de données qui passe du contrôle central à nos machines. Enfin, tous les plans de vol sont entrés et validés ; Malion et moi grimpons alors dans nos appareils. Je regarde l'écoutille de son TIE Bomber se refermer dans un chuintement. Avant de faire de même, je jette un coup d'œil autour de moi : je sais que certains de mes pilotes ne reviendront peut-être pas. Mais y penser maintenant ne sert à rien. On aura tout le temps de s'en soucier après la bataille.

Le moment est venu. H moins 6 minutes. Je me laisse glisser sur le siège, mon méca, Len Gerts, m'aide à m'attacher et connecte l'ombilic qui me relie à ma machine. Il me souhaite bonne chasse et s'éloigne alors que j'abaisse le levier qui descend le siège dans sa position de vol et que je ferme et verrouille la verrière. L'air contenu dans l'habitacle est chassé et, comme à chaque fois, le silence qui suit le tumulte du pont d'envol m'étouffe. Mais cela ne dure pas : déjà la voix du Contrôle Départ se fait entendre dans mes écouteurs et égrène les secondes avant le lancement.

Nous entrons en orbite de Hoth. C'est à Vyper 2-5 de jouer ; notre tour viendra peu après. D'abord les Scimitar, ensuite nous, les Falcon, en OCA tout d'abord, pour assurer la couverture des bombers, mais aussi en ASFAO sur les cibles d'opportunité. Vyper 2-5 confirme les ordres du CD et se prépare à la "Chute". La Chute, c'est le moment où les clamps qui maintiennent le chasseur arrimé à son rack s'ouvrent et où l'appareil tombe littéralement vers la baie ouverte du dock principal sous l'effet de la gravité artificielle. A ce moment précis, les moteurs à ions ne sont toujours pas allumés. Une fois l'appareil sous le ventre du Star Destroyer, des batteries de rayons tracteurs réservés à cet effet, catapultent le chasseur jusqu'à atteindre sa vitesse de vol nominale. Ce n'est qu'à cet instant précis que le système de propulsion embarqué prend automatiquement le relais. En résumé, le pilote n'a aucun contrôle sur son appareil pendant la totalité des phases de catapultage et de récupération, ce qui permet des opérations de lancement coordonnées et rapides, surtout quand la mission implique le déploiement de plusieurs escadrons. Mais c'est aussi une question de sécurité : le Twin Ion Engine utilise un gaz radioactif contenu dans un réservoir à très haute pression situé juste sous le siège du pilote. L'explosion accidentelle de ce réservoir à l'intérieur du pont-hangar pourrait avoir des conséquences désastreuses ! D'autre part, la traînée d'ions lourds générée par ce type de moteur en fonctionnement serait néfaste pour l'ensemble du personnel du pont d'envol. Maintenant que j'y pense, je n'ai jamais atterri avec mon TIE !

Enfin. Ca a commencé. Loin sur ma gauche, j'aperçois entre les rangées de TIE Bombers le TIE/rc de Vyper-2-5. Les témoins de statut du clamp passent soudain du rouge au bleu et en un éclair, il tombe et disparaît dans le vide de l'espace. Dans quelques secondes, l'escadrille Scimitar fera le grand saut et ensuite, à nous de jouer !

H moins 20 secondes. La sirène d'alerte retentit, intimant l'ordre à tous les mécanos de dégager les passerelles. H moins 10 secondes. Les accès au pont d'envol sont verrouillés pour pallier à toute dépressurisation intempestive. 9, 8, 7, j'agrippe le manche, je mets les pieds sur le palonnier et je me cale confortablement dans mon siège. 6, 5, 4, d'un mouvement du pouce, je checke les cadences de tir et la distance d'harmonisation de mes armes. 3, 2, 1, lancement !

Rang après rang, les Scimitars décrochent et filent sous le ventre de l'Avenger. L'un d'eux a un problème. Là-bas, à la troisième rangée, un TIE Bomber est resté accroché à son clamp. Il gîte sur sa gauche, là où le verrou a fonctionné correctement. Le droit est bloqué. J'imagine l'équipage en train de pester : pour eux, la mission est finie avant d'avoir commencé ! Les mécas vont devoir attendre que tous les appareils soient partis pour intervenir. D'ici là, ce sera trop tard. Une fois le séquenceur automatique de lancement enclenché, on ne peut le stopper.

Mais je n'ai pas le temps de me soucier de leur sort bien longtemps. Le pont-hangar défile verticalement devant mes yeux tandis que mon bon vieux TIE se met en chute libre. Je ne sens quasiment rien, les amortisseurs inertiels absorbent la quasi-totalité de toute contrainte liée aux G.

La chute semble durer une éternité dans le silence. En fait, il ne faut que 1.75 seconde pour atteindre l'espace et déjà, les rayons tracteurs de catapultage me poussent en avant. Les vibrations caractéristiques et les témoins lumineux de démarrage m'indiquent que mes moteurs sont lancés. Je suis libre et seul maître à bord. Enfin.

Un coup d'œil sur mon écran tactique et aux données qui s'affichent sur la visière de mon casque me confirme que tous mes chasseurs sont partis et rejoignent la formation. Devant nous, les silhouettes pâles des bombardiers de la 87 ont ralenti pour nous permettre de nous positionner plus rapidement. Shelter 2-4 rejoint le cœur de notre formation, attendant d'engager son projecteur de bouclier. J'ordonne à Visten d'adopter la position prévue avec la moitié de l'escadron, sur le flanc droit des Scimitars.


C'est à ce moment que Vyper 2-5, qui a quitté sa Shelter pour entrer dans le vif du sujet, prend contact avec nous pour nous donner un aperçu de la situation :

- Scimitar 8-7, Falcon 7-21 de Vyper 2-5, Over.

Nous accusons réception. Vyper reprend :

- Aucun véhicule blindé en vue. Leurs GBADs consistent en plusieurs batteries quad AG-2G. Batteries anti-blindés Atgar et antipersonnel Golan DF.9 sur le périmètre. Ciel dégagé, rien en l'air pour le moment. Deux T-47 en patrouille à 12 Km Nord-Est de la base ennemie en TBA. Plusieurs éclaireurs montés sur biologiques dans les environs. Nombreuses tranchées en rangées successives entourent la zone. Les équipes Scouts sont en place. Indicatifs Sierra-Kilo 1-1 à 5-1, coordonnées par Sierra-Kilo 6 sur fréquence réservée 214.75. Juste pour info : Sierra-Kilo 4-1 nous informe de la présence d'un canon à ions de type Planet Defender V-150 dans un canyon à l'Est de la base. Ne vous en occupez pas, il est inaccessible depuis les airs, comme par les véhicules au sol. Storm Cent Ops est déjà informé et la batterie a été désignée comme objectif prioritaire pour les escouades de Snows. Sierra Kilo 2-1 et 3-1 nous confirment la présence de plusieurs entrées de tunnels aux abords des installations. Sierra Kilo 6 a donné l'ordre à ses équipes de commencer à marquer les objectifs d'intérêt. Je me prépare également pour ma première passe de marquage. Scimitar 8-7, tenez-vous prêts à intervenir à mon signal. Falcon 7-21, stand by pour couverture. Sierra Kilo 6 vous informera au fur et à mesure des départs éventuels de bogies et de TSTs. Bonne chasse ! Vyper 2-5 Out.

Nous nous plaçons en orbite moyenne d'attente. Sur notre droite, la flotte se place en position de blocus tandis que l'Avenger et les autres bâtiments devant prendre part à l'assaut terrestre font mouvement vers la planète. Dans moins de 15 minutes, ils devront larguer les barges de débarquement et les navettes Sentinel de transport de troupes. Si seulement nous avions pu disposer d'un croiseur Interdictor, nous n'aurions pas eu besoin de toute cette force pour empêcher les rebelles de fuir en vitesse lumière. Malheureusement, le croiseur Constrictor du Capitaine Leymann avait dû être mis en cale sèche le mois précédent suite à la surtension de l'un de ses générateurs de champ gravifique. Le surplus d'ondes gravitationnelles avait été si intense et soudain qu'une partie de sa superstructure s'était littéralement effondrée sur elle-même. Fort heureusement, il s'agissait d'une zone uniquement occupée par de l'équipement et des cellules énergétiques et, hormis quelques blessés légers, aucune perte n'était à déplorer.

Je garde l'œil fixé sur mon HUD. Au fur et à mesure, des spots lumineux apparaissent. Les Scouts font bien leur boulot. Bientôt, les bombardiers décrocheront pour se porter au contact des cibles ennemies. J'aimerais bien avoir quelque chose à faire en attendant ! Une petite interception de chasseurs rebelles serait la bienvenue pour passer le temps … Malheureusement, il semble que ces damnés renégats réservent leur chasse pour la protection des transports. Dommage, la détente me démange !

- Scimitar 8-7 de Vyper 2-5, cibles désignées pour frappes aux missiles à concussion. Suivez ma route et appréciez la balade ! Bonne chance ! Vyper 2-5 Over & Out.

- Reçu Vyper. Scimitar sur le glide. Scimitar Leader à Scimitar Squadron. Off sur les sécurités, on se déploie. Vous me suivez à intervalles de 8 secondes. Falcon Leader, l'espace est à vous. On compte sur votre backup, Over.

- Vous pouvez y aller les yeux fermés, Scimitar. Falcon se charge de nettoyer le ciel des insectes nuisibles. Vous n'en aurez même pas un sur votre pare-brise. Falcon 2, prêt à mon top. Over & Out.

Il était temps, je commençais à avoir des fourmis dans les jambes ! Je cale mes pieds dans les palonniers de contrôle, je vérifie une énième fois la distance de convergence de mes canons. On n'est jamais trop prudent ! Devant nous, les TIE Bombers plongent vers la surface, accompagnés par Shelter 1-4, tandis que 2-4 vient se placer sur nos arrières. Les premiers bombardiers commencent à s'entourer d'un halo de plasma sous l'effet de la friction atmosphérique. Déjà, je sens les vibrations de mon chasseur alors que nous nous préparons à descendre vers la surface, et une seconde plus tard, mon cockpit est baigné par la lueur des flammes qui enveloppent mon TIE.

A ce moment là, les Shelters sont nos yeux et notre seule protection. Les projecteurs de déflecteurs extrêmement précis dont sont équipées les navettes, plutôt que d'émettre une bulle globale autour de notre formation, ce qui entraînerait une dépense énorme en énergie, ciblent en fait chaque appareil individuellement. Le champ de force électromagnétique ne perd donc pas d'efficacité avec la distance, comme ce serait le cas pour une sphère géante, et est mieux adapté à la morphologie de chaque type de chasseur. L'inconvénient majeur est que la formation doit rester aussi homogène que possible : les projecteurs de déflecteurs n'ont pas la rapidité d'exécution d'un calculateur de tir ! Le nombre de paramètres entrant en ligne de compte est faramineux. En effet, l'ordinateur de bord de la navette doit intégrer, pour chaque appareil, le type, la vitesse, les variations d'assiette et d'angle d'attaque, la masse, la charge emportée, mais aussi d'autres données externes à la formation, telles que la densité atmosphérique et son type, l'angle d'entrée, la valeur du champ magnétique planétaire, la présence ou non de boucliers, bref, tout un tas de petits détails qui font qu'il vaut mieux ne pas trop s'écarter de sa route sous peine de finir en jolie pluie d'étoiles …

La visière auto-polarisante de mon casque m'évite l'éblouissement pendant les quelques instants où persiste la bulle plasmique et puis soudain, le bleu et le blanc du ciel et de la neige immaculée envahissent mon champ de vision. Le ciel est étonnamment clair et limpide, un temps rêvé pour une attaque au sol. A partir de cet instant, tout va très vite. Nous nous dégageons sur les côtés et en hauteur pour donner de l'espace à Scimitar 8-7 et regardons les machines entamer leur piqué sur les défenses de la base rebelle. Quelques tirs anti-aériens nous accueillent, mais nos appareils volent trop vite et leur faible surface frontale en fait des cibles beaucoup trop difficiles à atteindre pour des troupes mal entraînées. Malion annonce "shotgun" sur la fréquence générale pour annoncer l'ouverture du feu. Au moment du premier largage, aucun de nos hommes n'est touché et les explosions secondaires au sol prouvent l'efficacité et la précision de l'attaque. Tandis que nous redressons, la vapeur dégagée par la chaleur des déflagrations et des tirs de lasers crée une sorte de brume blanche et fantomatique. J'ai l'impression de regarder un holofilm.

Notre formation, TIE Bombers en tête, effectue un break gauche serré au-dessus de la base même, non sans lâcher une ou deux rafales de lasers sur les superstructures. Nous nous lançons ensuite dans une grande boucle qui nous ramènera dans la trajectoire des lignes rebelles et nous permettra de survoler les défenses ennemies en BA et à haute vitesse. Le champ de bataille se rapproche à une vitesse vertigineuse et déjà, une nouvelle volée de missiles à concussion s'échappe des baies des Scimitars, soulevant à nouveau un banc de brouillard de neige.

A ce moment, Vyper 2-5 nous donne le signal pour des passes de strafing sur les tranchées ennemies. A mon top, l'escadron se sépare en trinômes et chacun se dirige vers un objectif désigné. Je me vois assigner l'interception d'un T-47 qui sort à ce moment-là d'un hangar dissimulé. En bas et sur ma gauche, se dirigeant dans la direction opposée. Je coupe les gaz et je bloque mon palonnier tout à gauche, tout en faisant basculer mon chasseur en spirale. Le gars n'a pas l'air de m'avoir encore repéré et je me retrouve presque à sa verticale, en piqué accentué. Je me prépare à tirer. Trop tard ! Le canonnier assis en place arrière du speeder ennemi a dû me voir : j'ai le soleil en face et son reflet sur ma verrière a certainement attiré son regard. Il dégage en chandelle, juste sous mon nez. Habile ; si je ne change pas de cap, je risque la collision. Mais l'engin que je pilote n'a rien d'un airspeeder, c'est le meilleur chasseur de supériorité aérospatiale jamais conçu. Je coupe les moteurs, je donne tout à cabrer et je laisse l'inertie faire son œuvre. Je me retrouve bientôt le nez en l'air, à vitesse presque nulle et je regarde le pilote rebelle entrer inexorablement dans mon collimateur. Je redonne juste ce qu'il faut de gaz pour maintenir mon altitude et calmement, je presse les détentes de mes canons. Une seule rafale. Le speeder disparaît dans une boule de feu orangée, semant des débris noircis dans le ciel d'azur.

Mes ailiers me dépassent en trombe. Je ferme à nouveau les gaz une fraction de seconde, un coup sec sur le palonnier ramène mon TIE à l'horizontale et j'ouvre à nouveau en grand. Impeccable. Ce sacré chasseur répond au doigt et à l'œil. Je reprends aussitôt de l'altitude, en quête d'une nouvelle cible, rejoint par mes deux coéquipiers qui viennent se placer en arrière et de chaque côté. Les communications sont saturées de cris enthousiastes de pilotes et d'officiers d'armement des TIE Bombers. Chacune de leurs passes est couronnée de succès et aucune perte n'est à signaler. D'autre part, toujours aucun signe de chasse ennemie. Je décide donc de concentrer les efforts de mon escadron sur les passes de mitraillage. Autant éliminer le maximum de résistance pour faciliter la progression des troupes au sol. Les colonnes de vapeur sont innombrables et se mêlent aux volutes de fumée noire des équipements en train de brûler. Mon panneau droit reçoit un impact de blaster léger. Encore un qui ne doute de rien. Je signale mes intentions à mes ailiers, je bascule sur la droite, pour m'aligner sur la tranchée en contrebas et je règle mes canons sur la cadence de tir la plus rapide. Je pique. Les TIE qui me suivent se placent en ligne derrière moi, à intervalles réguliers et se préparent à m'imiter. De petites silhouettes s'agitent dans le sillon de neige. Je commence à ouvrir le feu tout en redressant petit à petit le nez de mon taxi. Je ralentis. Quelque chose attire mon regard en avant, sur la gauche. Une forme noire autour de laquelle s'activent plusieurs hommes. Tous se couchent … Un E-Web sur affût ! Mais je n'ai pas le temps de m'en soucier car, à la seconde même où le servant de l'arme lourde s'apprête à ouvrir le feu sur moi, la pièce explose, frappée par un missile à concussion. Je remercie chaleureusement Scimitar 8-76 pour son tir aussi précis que salvateur et je dégage droite. Juk et Hundriks lâchent leurs dernières rafales et me suivent. Je redescends et une tourelle Atgar vole en éclats sous les impacts de mes lasers. Encore une. Là, sur cette petite butte, un poste d'observation avancé. Je pique. Feu ! Encore. La cible n'explose pas, elle est certainement équipée d'un générateur de bouclier. Je poursuis en tir continu … Enfin ! Je passe dans un nuage de fumée noire et j'entends les débris ricocher contre ma carlingue. Je suis trop bas ! Beaucoup trop bas ! Target fascination. A mon âge, je me fais encore avoir ! Je n'ai même pas prêté attention à la voix de synthèse de Bitching Betty qui me hurle une alerte collision depuis 10 secondes. Heureusement, mon zinc tient décidément à me sauver la peau et répond parfaitement quand je tire sur le manche. De justesse. Dans mon moniteur de vue arrière, j'aperçois la gerbe blanche soulevée par mon passage au ras de la poudreuse. J'effectue un retournement et je me dirige vers le champ de bataille. Tout y est calme, du moins en apparence. Je suppose que là, en bas, dans les tranchées et les tunnels, des dizaines de soldats attendent notre départ pour remplacer leurs camarades tombés et se préparer à l'assaut en surface. Je sonne le rassemblement de mon escadron et je nous place sur un large pattern autour de la zone des combats.

A ce moment, Scimitar Leader prend du large et nous demande également de libérer l'espace aérien. Leur liste d'objectifs est remplie et Vyper 2-5 est sollicité pour une passe en BDA. Une minute plus tard, et après collationnement avec Sierra-Kilo 6, Vyper 2-5 confirme la destruction des cibles marquées.

Le Joint Command Center à bord de l'Avenger lance alors le nom de code Blizzard sur les fréquences réservées : l'assaut au sol va bientôt commencer. Scimitar Leader cabre et dégage en orbite. Pour eux, la partie est terminée et ils s'en sont sorti haut la main. Notre score aussi est honorable et c'est la tête haute que nous fusons vers l'espace pour notre injection en orbite. Soumettant nos appareils à moins de contraintes physiques que pour l'entrée, celle-ci se fait sans l'aide des Lambda Shelter.

Après la blancheur de la neige, nous voilà revenus dans le noir de l'espace. Scimitar 8-7 regagne l'Avenger et se prépare à fêter "sa" victoire. Quant à nous, une autre tâche nous attend. Les rebelles vont certainement tenter de faire décoller leurs transports et si les Star Destroyers ne parviennent pas à les en empêcher, ce sera à nous, en orbite lointaine, de former la dernière ligne de défense et de prévenir tout passage en luminique.

Rien à signaler pour le moment … Wow ! Ca c'est pas passé loin ! Un tir de canon à ions lourd en provenance de la planète vient de nous dépasser et frappe le Star Destroyer Devastator de plein fouet ! Alerte senseurs : un transport rebelle escorté par deux T-65 tente de s'échapper. C'est lui que le Planet Defender couvre de ses tirs. Le Devastator est à la dérive, sa passerelle et ses systèmes de propulsion ionisés par les décharges du V-150. Son inertie et le puits gravifique de Hoth l'attirent inexorablement vers les hautes couches de l'atmosphère. S'ils ne reprennent pas le contrôle dans les secondes qui suivent, on court à la catastrophe. Je regrette déjà que l'on ait commencé à déclasser les bons vieux SD de classe Victory. Ils étaient plus petits et moins puissants, mais eux, au moins, avaient des capacités atmosphériques dignes de ce nom.

Comm de l'Avenger : on nous retaske pour intercepter les chasseurs. Pour le transport, quant-à-lui, c'est trop tard. Il a profité du moment de flou qui a suivi la neutralisation du Devastator pour échapper à l'attraction de la planète et passer en hyperespace. Trop tard pour ces maudits X-Wings aussi ! Ils ont fait volte-face pour plonger de nouveau dans l'atmosphère et sont hors de notre portée. Le manque de boucliers du TIE nous empêche de continuer la poursuite et attendre le renfort d'une Lambda Shelter ne serait d'aucune utilité. Tant pis, on aura les prochains …

Nouveaux tirs du canon. Un autre transport a décollé. Cette fois, ils ne s'en tireront pas aussi bien. Avenger C3 nous aiguille sur les trois appareils. Le SD Terror engage le cargo, un classe Action IV dont la coque témoigne de nombreuses années de service. Les pilotes des X-Wings nous ont repérés et breakent vers nous pour nous intercepter. Je demande à Veyg de prendre le commandement du reste de l'escadron tandis que je décroche avec Juk et Hundriks pour aller à leur rencontre. Nous nous retrouvons en face à face. Les rebelles ouvrent le feu. J'ordonne aussitôt à mes ailiers de déclencher une évasive "Active Crescent 4" sur trois axes. Moi-même, je me lance dans une vrille ascensionnelle avant de replonger vers les intercepteurs ennemis. Les T-65 se séparent. L'un vers le haut et l'autre vers la droite – concernant ces références de "haut" et "bas", notez que nous nous servons généralement de l'attitude de notre vaisseau-mère comme point de référence.

J'ordonne à Juk et Hundriks de se charger de celui de droite ; je me réserve le second. Mes ailiers acquiescent et dégagent pour le suivre. Je réduis la cadence de tir de mes armes et augmente le ratio de puissance. Ces damnés chasseurs Incom sont équipés de bons déflecteurs, pour les descendre, il faut mettre le paquet. Le salaud vire serré mais sur le point de la manoeuvrabilité, mon TIE est de loin supérieur et je lui colle aux basques. Il renverse sur la gauche et plonge. Grossière erreur. Le temps de réponse de ses thrusters est trop long et la demi-seconde d'inertie me suffit largement pour me placer dans ses six heures. Je lâche une première rafale. Il déclenche une barrique à droite et les traceurs à ions de mes canons laser l'encadrent sans le toucher. Je l'imite et je maintiens la distance qui sépare nos appareils. Il feinte à gauche, tentant de me faire croire qu'il va poursuivre sur un break serré. Deuxième erreur. Je suis trop vieux pour me laisser avoir par cette ruse de rookie. Je conserve ma trajectoire et j'anticipe le virage à droite qui suit son retournement.

A cet instant, mon adversaire comprend que je suis dans son "cône mortel", cette zone fictive à l'arrière d'un chasseur où le tir ennemi fera mouche à coup sûr. C'est là qu'il tente une diversion qui me surprend totalement : il tire deux torpilles à protons en snapshot, c'est-à-dire sans acquisition préalable, dans la direction générale de mon TIE. Bien entendu, à cette distance et sans cible accrochée, les têtes des armes n'ont aucune chance de me toucher, mais ça suffit à me déconcentrer une seconde. Je cabre en déclenchant un tonneau à gauche et ce salopard en profite pour couper ses moteurs, pivoter sur son axe horizontal et plonger à droite pour rompre le combat. Mais celle-là, on me l'a déjà faite ! Je laisse mon chasseur poursuivre son tonneau afin de me retrouver sur une trajectoire d'interception. Je suis "à l'envers" par rapport à lui. Il ne me reste plus qu'à pousser des talons sur les palonniers pour redresser le nez en avant de sa course. Pour le rebelle, il est trop tard pour réagir. Je presse les détentes. J'ai l'impression que tout se passe au ralenti. Le X-Wing entre de lui-même dans le feu de mes armes et les impacts frappent les déflecteurs au niveau de son nez et remontent le long du fuselage. Je compense juste assez pour permettre plusieurs tirs sur le même point. Les boucliers cèdent dans des éclairs bleutés et je vois mes lasers déchirer son fuselage. Le cockpit disparaît dans une gerbe de feu quand l'oxygène de la cabine s'enflamme, tuant son pilote sur le coup. Puis les réservoirs de carburant explosent et désintègrent le reste du chasseur. Mieux vaut lui que moi. Dans ce genre de jeu, il n'y a pas de place pour les perdants.

Je rétablis et je jette un œil sur mon scope senseurs pour voir où en sont Juk et Hundriks. Les choses n'ont pas l'air de se passer aussi bien pour eux : Juk est talonné par le deuxième T-65 tandis que Hundriks essaie de se placer en position de tir. Mes deux ailiers sont jeunes, surtout Juk, qui participe là à sa cinquième sortie seulement. Voilà à la fois l'inconvénient et l'avantage découlant de l'absence de boucliers du TIE : soit les pilotes n'ont pas le temps d'acquérir suffisamment d'expérience sur leur machine et se font abattre très tôt dans leur carrière, soit ils survivent et au fil des missions, deviennent les meilleurs pilotes de chasse de la Galaxie. Malheureusement, les deuxièmes sont beaucoup trop rares, mais la doctrine Impériale sur les effectifs de la chasse mise sur le nombre, pas forcément sur l'expérience. Les rebelles ont beau avoir de bons appareils, et parfois, de très bons pilotes, à vingt ou trente contre un, ils n'ont quasiment aucune chance de survie.

A mon grand désarroi, Juk fait partie de la première catégorie de pilotes et son TIE explose en milliers de fragments scintillants, son réservoir de gaz touché par un coup de laser. Le T-65 traverse le nuage de débris sans s'en soucier. Une nouvelle fois, ses maudits déflecteurs le protègent des impacts. Hundriks, lui, n'est pas aussi bien lotti. Trop près du pilote rebelle, il ne peut dégager à temps et son panneau solaire droit est arraché par un morceau de la verrière de Juk. Son TIE se met à tourner sur son axe dans une vrille incontrôlable : le chasseur est perdu et Hundriks le sait. Avant de s'éjecter, il lâche une dernière bordée de lasers … et fait mouche ! Son tir endommage irrémédiablement le moteur haut-gauche du X-Wing. J'imagine le pilote ennemi en train de se débattre avec ses commandes et de hurler des ordres à son droïde astromech pour tenter de reprendre le contrôle. Je dépasse Hundriks au moment ou son canopy s'éjecte. Puis un éclair blanc m'apprend que son appareil a explosé. J'espère juste qu'il a réussi à s'en extirper vivant.

Je vérifierai plus tard. Pour le moment, j'ai un travail à finir : achever ce foutu rebelle, pour Juk et pour Hundriks. Cette fois, je n'aurai pas de mal, le X-Wing se traîne et a perdu une grande partie de sa maniabilité. Calmement, froidement, je me place derrière lui et j'ouvre le feu. Une longue rafale transperce le chasseur ennemi de part en part et il éclate enfin. J'évite de justesse le dôme de l'unité R-4 qui vient à ma rencontre et je dégage de la zone de blast.

Sur mon scope, un blip bleu me dit qu'Hundriks s'en est sorti, grâce à sa combinaison pressurisée et un autre, triangulaire, me signale qu'une intervention CSAR a été activée et qu'une navette Sentinel a d'ores et déjà quitté le Terror pour se porter à son secours. Tant mieux, je déteste perdre mes pilotes, surtout quand ils ont le talent d'Hundriks.

Je me souviens alors du Devastator, en perdition au dessus de Hoth. Je retourne mon appareil et une vision d'horreur remplit ma verrière : le Star Destroyer a basculé sur son axe et descend toujours, attiré par la gravité de la planète. Il tombe lentement, comme une feuille de son arbre. Un flash au niveau des moteurs … oui, c'est bien ça, ils ont rétabli la propulsion. Mais les moteurs principaux ne fonctionnent toujours pas, ils avancent sur leurs seuls propulseurs d'appoint. Avec l'inertie qu'a gagné le bâtiment, ça ne suffira pas. La flotte entière semble retenir son souffle. Et puis tout doucement, presque imperceptiblement au départ et puis de manière de plus en plus visible, le Devastator se redresse, degré par degré. Un tapis de plasma recouvre son ventre, il vient de rencontrer les hautes couches de l'atmosphère. Le timonier qui a réalisé cet exploit mérite d'être décoré : il a positionné le navire de sorte que l'angle d'attaque le fasse ricocher sur l'air comme un galet plat sur l'eau. La proue du Star Destroyer se relève peu à peu et il commence à gagner de la vitesse. Les propulseurs principaux se rallument tout-à-coup, faisant bondir le monstre en avant. Ils sont sauvés !

Je reporte alors mon attention sur la situation autour de moi. Pendant le rétablissement miraculeux du Devastator, Hundriks a été récupéré par l'équipe CSAR. Malheureusement, plusieurs transports de l'Alliance ont réussi à forcer le blocus avant que les Snowtroopers ne fassent taire définitivement le canon à ions planétaire. L'Avenger s'est, de son côté, lancé à la poursuite d'un transport Corellien léger YT-1300. Je ne comprends pas pourquoi, mais celui-ci ne passe pas en hyperespace, bien que suffisamment éloigné du puits gravitationnel de la planète. Un X-Wing solitaire décolle et passe la barre de la vitesse lumière avant que quiconque n'ait le temps de réagir.

Trois gars du 463ème Escadron en CAP autour de la flotte se ruent eux aussi aux trousses du cargo. Le pilote du transport doit être fou ou bien complètement stupide, ou les deux. A fond de subluminique, il vient de pénétrer dans le champ d'astéroïdes non loin de Hoth, bientôt suivi par les trois TIE. Je n'ai pas l'occasion de leur prêter main forte car Avenger Control rappelle à son bord tous les chasseurs ayant pris part à l'opération Blizzard. Je remets en place les sécurités de mes canons et je ralentis pour me diriger vers le pont-hangar. Visten et le reste du 721 me rejoignent et reprennent la formation. Trois par trois, ils décrochent selon les consignes de l'officier d'appontage et intègrent le circuit par la gauche. Pendant ce temps, l'Escadron orbite autour du Star Destroyer. Trois spots bleus sur nos scopes virent alors au rouge avant de disparaître : l'un après l'autre, les trois chasseurs du 463 ont percuté des astéroïdes et se sont désintégrés. Aucun survivant, évidemment. Pauvres gars. Au moins, ils ont essayé …

Quant au transport, il a disparu dans le champ de cailloux. Dans l'instant, un détachement de TIE Bombers décolle pour pilonner systématiquement tout astéroïde d'une taille suffisante pour abriter un vaisseau de ce type alors que toute la flotte se prépare à se déployer pour ratisser la zone.

Pour nous, c'est terminé. Les trois derniers TIE viennent de rentrer ; restent Veyg et moi. L'alerte qui retentit dans nos casques nous signale le départ imminent de la flotte. Il est temps de revenir au bercail. Nous sommes dans la boucle et l'OA nous donne les dernières directives. Dernier virage par la gauche pour venir sous le ventre de l'Avenger par l'arrière. Courte finale, je coupe les gaz et je laisse l'inertie amener mon chasseur sous le pont-hangar. Les rampes d'éclairage fixées au plafond du pont inondent mon TIE d'une crue lumière blanche. Le miroir aux alouettes aligne deux rangées de spots bleus, ce qui signifie que je suis sur le glide. Le décompte avant récupération s'affiche en haut à gauche sur ma visière. 4, 3, 2, 1, top. Le rayon tracteur me fait décélérer rapidement et me tire vers le râtelier au plafond où s'alignent déjà des dizaines de chasseurs et de bombardiers.

Un léger frémissement m'apprend le passage de relais entre le tracteur de récupération et celui d'arrimage. Je remonte maintenant à la verticale et dans quelques secondes, les clamps de mon rack viendront emprisonner les pylônes de part et d'autre de l'habitacle. L'arrivée dans le dock pressurisé annonce la fin du silence de l'espace, les soupapes de ventilation s'ouvrent et emplissent le cockpit d'air conditionné. Bientôt, j'entends le "clank" et je ressens le dernier choc qui marque la fin de la mission et la solidarisation de mon appareil à son vaisseau-mère. Je déconnecte mon casque de l'ordinateur de bord et je le dépressurise. Plus besoin de ça maintenant. Je l'ôte et je le pose sur mes genoux. Encore une minute avant que le Puff, ne donne le feu vert pour déverrouiller et ouvrir les cockpits. Déjà, j'entends mon enregistreur de mission bourdonner : le Centre d'Analyse des Données de Mission, le CADM, downloade les informations contenues dans ses circuits. Tout sera passé au crible, décortiqué et envoyé aux Services de Renseignements Impériaux et sera également utilisé pour le débriefing.

Le "psschh" caractéristique du canopy et le chuintement des vérins me sortent de ma rêverie. Je lève la tête ; mon mécano est penché au-dessus de moi et sourit en levant un pouce. Je lui renvoie son geste et j'active le levier qui ramène mon siège en position haute.

- Joli, me dit-il en m'aidant à me détacher. Trois victoires homologuées, en plus de nombreuses cibles au sol.

- Deux, je lui réponds. Je tiens à ce qu'Hundriks se voie attribuer le dernier X-Wing. C'est lui qui l'a shooté, je n'ai fait que l'achever.

- 'Soyez pas modeste, Commodore ! Me lance-t-il en coin. Vous n'êtes pas un si mauvais pilote, vous savez !

Je lui envoie mon casque dans le ventre en riant. Cela fait des années que le Tech-Sergeant Len Gerts est mon mécanicien attitré et jamais je ne pourrais me passer de lui. Il me connaît aussi bien que mon chasseur !

Je le lui confie, d'ailleurs, je sais qu'il est entre de bonnes mains.

Sur la passerelle, je retrouve Veyg. Nous nous regardons une seconde d'un air entendu et nous entrechoquons nos casques, comme d'habitude. Nous éclatons de rire, comme en réponse à une plaisanterie muette. Encore une mission à laquelle on a survécu.

Il existe un proverbe dans la chasse Impériale :

"Il n'y a pas de vieux pilotes de TIE"

C'est vrai. Je n'en ai jamais rencontré. Veyg approche de la quarantaine, c'est le plus ancien d'entre nous sur l'Avenger et peut-être dans toute la flotte. Moi-même, je fêterai mon trente-cinquième anniversaire cette année. Qui sait si je verrai le trente-sixième ?

Mais nous, les "chasseux", comme on nous surnomme dans la Marine, nous ne pensons jamais à ça trop longtemps. Si ça doit arriver, ça arrivera. N'appelez pas ça du défaitisme ou du fatalisme, c'est juste la vie. A nous de retarder l'échéance !

La sono nous appelle à la salle de débriefing, la seule partie du boulot que je déteste ! Ensuite, une bonne bière de Sullust, un énorme steak de Bantha avec des pommes blisk au four et je tire ma révérence !

Demain on remettra ça.

Demain on essaiera de rentrer tous ensemble et en un seul morceau.


Demain on vérifiera encore une fois jusqu'à quel âge peut vivre un pilote de TIE Fighter !


mardi 11 février 2014

TOP GUN décortiqué, 3ème partie et fin - "Renseigne-moi, Goose ...!"


“Renseigne-moi, Goose …!”
NDLA : dur de trouver des images du film de certaines scènes, ne m'en veuillez pas, j'ai pioché au mieux des photos pour illustrer mon propos ;)

Dernier gros morceau du film, la bataille finale. Le fait qu’on envoie les 3 meilleurs équipages de la dernière promotion Top Gun participer à une opération est assez étrange. Ils n’appartiennent pas au même escadron, ne sont pas affectés sur le même porte-avions … Une escadre embarquée est composée d’escadrons dans lesquels sont affectés des pilotes, comme sur toute base aérienne. Que Maverick retrouve Merlin, soit. C’est son bâtiment d’origine, c’est donc logique. Mais que viennent faire Iceman, Slider, Hollywood et Wolfman à bord ? Les gars qui sont affectés là d’habitude sont trop glandus pour être envoyés sur cette mission spéciale ? Pas très logique tout ça.

Catapultage d'un Tomcat depuis le CVN-73 USS George Washington en 2004
Au début, Iceman et Hollywood (avec leurs RIOs hein, Slider et Wolfman donc) sont envoyés en premier. Maverick est en Alerte 5, c’est à dire que son appareil est susceptible d’être en l’air en 5 minutes. Il est donc placé sur la catapulte, moteurs tournant, prêt à partir.

Un F-14 configuré pour l'attaque au sol. Surnommé "Bombcat", cette diversification
du rôle d'origine du Tomcat lui a permis de demeurer en service jusqu'en 2006
(il était à l'origine un intercepteur destiné à détruire à très longue distance les
formations de bombardiers anti-navires Soviétiques)
Mais là, gros hic ! Au lieu de 2 MiG-28, nos 2 F-14 tombent sur 6 d’entre eux ! Et là, plus question de s’amuser, si on engage, c’est pour friter. Les missiles sont chauds, les pilotes aussi. Voilà donc nos 2 experts Topguniens à 1 contre 3. Les règles d’engagement étant ce qu’elles sont, les Tomcat ont dû attendre d’être à portée visuelle des appareils adverses afin d’assurer l’identification (ces règles étaient notamment employées au début de la guerre du Vietnam. Les pilotes des premiers F-4 Phantom en ont fait les frais puisqu’ils n’avaient que des missiles et pas de canons et donc, une fois à courte portée, tintin pour tirer quoi que ce soit puisque trop près … Bref, j’y reviendrai dans un autre article) et de fait se retrouvent dans un dogfight effréné. Mais après tout, ils viennent de finir sur le podium de la meilleure école de combat aérien du monde !

Le Tomcat de Wolfman et Hollywood après une indisgestion
de missile air-air
Ce qui devait arriver arrive et l’appareil de Hollywood et Wolfman est touché par un missile ennemi. Ils sont contraints à l’éjection et vont se balader sous la soie.





Un MiG-28 avant suppo' ...
Iceman est à 1 contre 6, ce qui peut être qualifié de situation “pas top du tout”. Le Flight Boss décide donc d’envoyer l’Alerte 5, à savoir : le Tomcat de Maverick et Merlin qui arrive sur les lieux peu de temps après. Sur ces entrefaites, les catapultes du bord tombent en panne et donc impossible de lancer un autre appareil. Suit le coup de flip de Maverick qui fait mine de rentrer et finalement reprend ses esprits et sauve la mise à Iceman. A eux 2, ils abattent 4 MiG et forcent les 2 autres à se retirer. Tout le monde retourne au porte-avions, on retrouve Hollywood et Wolfman qui viennent d’être repêchés et débarquent de l’hélico de sauvetage. Tout le monde est content, Maverick et Ice deviennent super potes, youpi.

Copains pour la vie, c'est pas choupi ça ?
Vous vous en doutez, plusieurs chagrinisations viennent ternir cette scène épique et héroïque (sinon j’en n’aurais pas parlé …).

Premièrement, il n’est pas logique qu’il n’y ait pas déjà d’autres Tomcat en l’air. Ceux qui décollent dans la scène sont censés couvrir l’opération de sauvetage du navire en perdition et sont donc taskés sur une mission bien précise. Quid de la protection du porte-avions et de son groupe de combat ?! En temps normal, au moins 2 F-14 auraient déjà dû se trouver en BARCAP (BARrier Combat Air Patrol ou patrouille de combat aérien avancé) loin en avant du bâtiment et de son escorte. Ils auraient donc pu et dû être utilisés en renforts prioritaires ! Mais là, personne n’a l’air d’y avoir pensé … 

En outre, au départ, les Américains ne savent pas ce qu’ils ont en face comme présence ennemie. Mettre un seul appareil en Alerte 5 est un peu léger je trouve ! Le standard était 2 avec 2 autres prêts à être placés sur les catapultes.

Voilà ce qu'on aurait dû voir sur le pont d'envol ...

Voilà un dogfight bien velu ! Vous noterez que sur ce plan
il manque 2 MiG-28 à l'effectif total !

Ensuite, ayant pris connaissance du nombre de chasseurs ennemis, le Flight Boss aurait dû lancer l’Alerte 5 immédiatement. Il ne le fait qu’après la perte d’Hollywood. Et donc 1 seul appareil quitte le bord … On se retrouve dans la même configuration que l’on avait au début de l’engagement : 2 contre 6. Pas très adapté comme envoi de renforts …

Sur ce, Maverick annonce qu’il est en supersonique et qu’il sera là très vite. Je n’avais pas remarqué (et pourtant je l’ai vu une trentaine de fois ce film !), mais quelqu’un sur un forum a pointé du doigt le fait que Maverick parcourt 180 nautiques (environ 300km) en 60 petites secondes ! Qu’est-ce qu’il a bien pu coller dans les réservoirs de son Tomcat pour qu’il tape le Mach 3 comme une fleur ?! Bref, la vitesse de pointe du F-14 en configuration optimale étant de Mach 2.34, on ne peut que constater le nimportequoitisme de cette séquence.

Un Tomcat en supersonique. Le halo blanc est l'onde de choc sonique
qui peut prendre cette apparence dans certaines conditions météo.
Vue du dessus du pont d'envol d'un porte avions US
typique. Les rails des catapultes sont les lignes noires
à l'avant et sur la gauche du bâtiment.
Et là, grosse ficelle du scénariste, un officier de la salle d’ops annonce au Flight Boss une panne de catapulte ! Impossible de lancer un autre appareil pendant au moins 10 minutes ! Si j’avais été le Flight Boss, le gars se serait mangé une bouffe derrière la tête et aurait dû me confirmer s’il me prenait pour un abruti ou pas. Un porte-avions américain dispose de 4 catapultes à vapeur indépendantes ! La panne totale relève donc de l’absurde. A moins qu’on se trouve face à une mutinerie des opérateurs, mais là on va chercher loin ... Ou alors c'est que le pont d'envol est encombré, mais dans ce cas, je félicite pas le personnel de quart qui se loupe de la sorte en pleine opération.


L’engagement en lui-même est assez simpliste, mais bien rythmé et filmé. Bémol cependant concernant les dégâts subis par l’appareil d’Iceman. Celui-ci prend par 2 fois une volée d’obus de 20mm dans la nacelle du moteur droit. Le F-14 est solide, certes, mais les impacts auraient dû arracher de bons morceaux de fuselage, pas juste percer des petits trous dignes d’une mitrailleuse d’il y a 70 ans. Sans aller jusqu’à la destruction totale de l’avion, je pense qu’on aurait dû s’attendre à pire.

Reste le retour sur porte-avions. Que fait le chef contrôleur de la base de Top Gun à bord du navire ?! Encore un transfuge. A croire que ce bâtiment était à l’origine peuplé de gros nases incompétents pour que la Navy décide ces mutations en masse dès que la situation chauffe un peu !

Mais revenons sur Hollywood et Wolfman … Ils sont tombés à l’eau à l’endroit où s’est déroulé le gros du combat, à 180 nautiques du porte-avions, comme je le disais plus haut. L’engagement lui-même a duré quelques petites minutes, comme toujours dans le combat aérien moderne. Nous constatons donc que la Navy nous a caché les performances de ses hélicoptères de sauvetage Sea King ! Ce dernier a décollé au début du combat, a parcouru la distance en un temps record, a récupéré les aviateurs sans qu’ils n’aient le temps de dire “oh là là qu’est-ce qui nous arrive !” et est rentré à fond les ballons à temps pour que nos survivants puissent acclamer les héros du jour ! Concernant cet événement, je crois que nous pouvons conclure par “lol” …!

Le SH-3 Sea King, hélicoptère de sauvetage privilégié de la Navy avant
d'être remplacé par le Sea Hawk dans les années 90-2000
(ce n'est pas la version ultra turbo présente dans le film :) )

Conclusisme (ou épilogance, comme vous le sentez) :

Malgré toutes ces petites invraisemblances, incohérences, nimportequoitances, Top Gun restera pour moi l’un des plus grands films d’aviation au niveau visuel. Rarement on a mis en valeur ces grosses machines aussi bien que le regretté Mr Tony Scott et c’est un film que je revois encore avec plaisir (pas plus tard qu’aujourd’hui d’ailleurs :) ). Si vous ne l’avez pas vu (et avez tout de même lu ces lignes, ce que je ne m’explique pas … :) ), je vous conseille de tenter l’expérience avec un bol de pop corn, vous verrez, il passe tout seul avec ce petit arrière-goût très 80s’ !

J'espère que tout le monde est debout la main sur le cœur en train de fredonner
l'hymne des Etats-Unis ... :)


FOX

PS : finalement, je n’ai pas réutilisé le terme “omniprésent”. Pour ceux qui le cherchaient, le voilà ! ;)

En attendant la fin de l'article Top Gun prévue pour ce soir, voici une petite anecdote dans la catégorie insolite :)


Voici une anecdote qui m'a été transmise par mon vieil ami Vincent Degaugue, adjudant dans l'Armée de l'air. L'auteur du texte est Fabrice Simon qui a posté ça sur la page Facebook Le Rêve d'Icare


Ça lui va bien, je trouve !

"Ça s'est passé à Creil au sein de la 10 EC en décembre 1979 pour la Saint-Eloi...

La mécanique du 1/10 Valois en une nuit et à l'initiative du patron de l'escadron un tantinet farceur s'accapara le IIIC (n°55 rectificatif) des collègues du 2/10 Seine et le repeignit en rose sauf le radôme. 

Le plus rigolo dans tout çà c'est que les joyeux lurons bénéficièrent d'une série de complicités: l'officier de permanence ops de la base qui coup de bol était cette nuit là un pilote du 1/10 et qui parvint à divertir l'officier de permanence du 2/10; les FAS de la base et les cocoys qui fermèrent les yeux sur le fait que non contents de repeindre le zinc les petits comiques le sortirent du hangar du 2/10 et allèrent le planquer à l'autre bout de la base en zone FAS pas loin du bureau du colonel commandant la base!

Comme le lendemain il y avait du brouillard on mit un certain temps à retrouver le bestiau qui avait disparu de son hangar ...

Le patron du 2/10 fut bon pour un vol avec la panthère rose

la vengeance fut terrible en janvier 80 alors que le 1/10 était à Solenzara au grand complet pour la campagne de tir annuel tout le mobilier de l'escadron fut déménager sur le terrain de foot de la base

Ayant de la suite dans les idées lors de la Saint Eloi 1980 les garçons du 1/10 murèrent le bureau du patron du 2/10 en y ayant auparavant enfermé deux trois poules ...

On savait rigoler en ce temps là"

Cependant, si chez nous les Frenchies, peindre un avion en rose relève de la plaisanterie, il n'en allait pas de même chez nos amis Anglais durant le second conflit mondial. Des Spitfire, Hurricane, Mustang, nombre de chasseurs se sont vus affubler de cette livrée rose pâle. L'idée était que ces appareils étaient amenés à voler au lever ou à la tombée du jour, lorsque les nuages prennent cette jolie teinte ...! Lors de ces patrouilles, ils volaient souvent juste sous la couverture nuageuse et devenaient donc difficilement décelables. Eh oui, c'était apparemment efficace !

Y'a pas à dire, même peint rose, c'était un taxi magnifique ...


Mais également durant le jour. Comme le dit cet article dont je vous ai gratifiés du lien ci-dessous (pour les anglophones), les nuages, même s'ils paraissent blancs à l’œil nu, présentent en fait une nuance rosée pas évidente à percevoir. Le contraste bleu du ciel les fait apparaître blancs au capteur limité que constitue notre pauvre œil humain. 

(malheureusement, la vidéo ne fonctionne plus)

FOX

lundi 10 février 2014

TOP GUN décortiqué, 2ème partie - “Merde, on s’est payé son souffle !”


“Merde, on s’est payé son souffle !”

Autre point fort du film, la fameuse vrille à plat où le pauvre Goose perd la vie en percutant la verrière lors de l’éjection.
Commençons par le début de la scène. Iceman est devant Maverick et, dans l’impossibilité d’avoir une bonne ligne de tir sur l’appareil de l’instructeur (on se demande d’ailleurs comment il se débrouille, il a quasiment le nez dans la tuyère du A-4, mais bon), dégage à droite, au profit de Maverick, qui lui, est bien placé (à 2 mètres derrière … bref !). La manoeuvre fait que “on s’est payé son souffle !”. Oui, ou jetwash en Anglais. Le flux des réacteurs de l’appareil d’Iceman entre dans les entrées d’air du Tomcat de Maverick et provoque leur extinction successive. Un peu comme on souffle une flamme d’une bougie (je simplifie à mort hein).

Ici on voit l'appareil du milieu (Iceman), faire un break sur sa droite afin de dégager de la ligne de tir de Maverick.
Le flux de ses moteurs va donc croiser la trajectoire de celui-ci et gaver ses moteurs d'un énooorme courant d'air moisi


On voit d’abord le réacteur droit s’éteindre (simulé dans le film par la désactivation de la post-combustion - faudra que je fasse un glossaire, sinon ce texte va être saturé de parenthèses … Quoi ? Déjà fait ? Damn …), ce qui provoque un déséquilibre de l’avion qui part à droite. Puis le gauche s’éteint lui aussi, ce qui explique la perte de contrôle. Eh oui, on tient pas en l’air un tagazou de 30 tonnes par l’opération du Saint Esprit et de la seule portance !

La postcombustion, c'est l'injection de carburant directement dans le flux d'air
chaud des moteurs. Il s'enflamme en produisant une sacrée poussée sup-
lémentaire et en faisant de très jolies flammes oranges comme on voit ici :)
Et là s’amorce la vrille à plat, ce qui est, appelons un chat un chat, une vraie saloperie à récupérer. Donc, arrivés à une certaine altitude, Maverick et Goose décident de sortir de leur grosse dinde qui tombe comme une feuille morte. Et, étant dans l’incapacité de tirer sur la poignée de son siège, Maverick demande à Goose de s’en charger pour eux deux en ayant ce conseil étrange : “gaffe à la verrière” …

Arrive ensuite ce que l’on sait, les deux sièges partent, la tête de Goose percute la sus nommée verrière (il a pas écouté, ça lui apprendra) et nos deux compères se retrouvent pendus à leur parachute avant de se retrouver à la flotte (heureusement, l’entraînement du jour se déroulait au dessus de la mer, contrairement à tous les autres :) ).

Ballotté dans tous les sens par la force de rotation de la vrille,
Maverick n'arrive pas à saisir la poignée d'éjection. Goose, lui
y parvient. On peut donc en conclure qu'il était bien moins
mou que Maverick.
 Décortiquons maintenant la scène … concernant l'extinction des moteurs à cause du souffle de l'autre F-14, c'est plausible, bien que la position des entrées d'air du Tomcat en dessous et en arrière aurait été susceptible de limiter ce phénomène dans le cas présent, mais bon, ça peut arriver. Les moteurs TF-30 du F-14 étaient apparemment très capricieux et sujets à ce genre d'extinction inopinée en cas de perturbation du flux d'air entrant dans le moteur (ce qui peut se produire durant un combat aérien rapproché ou dogfight).

Ce qui est moins évident, c'est que l'extinction du moteur droit, alors qu'au départ Maverick est en virage à gauche, suffise à déclencher le début d'une vrille dans l'autre sens. Mais contrairement à ce que je croyais jusqu'alors et renseignements pris, même si les moteurs ne sont éloignés que de 2-3 mètres environ, cela peut suffire à provoquer un tel déséquilibre. L'avion est engagé dans un virage à fort facteur de charge et l'autre moteur est poussé à fond ; tout ça combiné peut effectivement conduire à une vrille à plat.

L'extinction du 2ème moteur dans la foulée est possible aussi, mais bon, là faut avouer qu"ils ont un sacré mauvais karma Maverick et Goose ! Mettons que le départ en vrille a perturbé le flux de l'autre moulin ...

Après cette improbable perte des 2 réacteurs, notre gros oiseau devient incontrôlable et entre en vrille à plat. Là OK, c'est difficilement rattrapable selon le type d'avion et l’altitude. Et dans le cas présent, on n'a plus de moteur, par dessus le marché. 

Reste plus que l’éjection dans un cas pareil. A cause de la force centrifuge engendrée par la vrille, Maverick ne peut atteindre la poignée d’éjection (les deux boucles qui se trouvent en haut du siège sur un F-14). C’est donc à Goose que revient l’honneur de les catapulter hors de leur avion en perdition.

Les poignées d'éjection sont les boucles
rayées jaune et noir en haut du siège
Et c’est là qu’intervient le “gaffe à la verrière” de Maverick … Au départ, je prenais ça pour une astuce scénaristique et puis, recherches faites … il y a effectivement un risque ! Lors d’une éjection classique, le fait de tirer la poignée provoque une série de procédures automatiques : les bras et les jambes du pilote sont ramenés vers le siège par des sangles, la verrière est larguée et enfin, les sièges sont éjectés, celui du RIO en premier (s’il part après le pilote, il risque de se prendre ce dernier dans la tronche …). Dans une vrille à plat, les consignes sont que le RIO largue manuellement la verrière AVANT de tirer sur les poignées. En effet, on s’est aperçus qu’en raison du faible taux de chute de l’avion (son type de chute s’apparente à de l’autorotation en hélico), la verrière ne s’éloignait pas assez de l’avion pour permettre une éjection en toute sécurité. Donc, le fait que Goose percute cet élément n’est pas irréaliste (sauf que donc, de toute évidence, il n’a pas appliqué la consigne en vigueur). Ce qui est moins crédible, c’est que sa tête percute la dite verrière.

En effet, les sièges éjectables ont des dossiers bien plus hauts que la tête du pilote ! Certains ont même des pointes métalliques intégrées à la structure pour justement faire voler en éclats la verrière en cas de percussion inopinée. On voit également que, loin d’être solidement maintenu dans son siège, Goose se balade pas mal dans son harnais. Bref, si la première partie de l’incident est plausible, sa conclusion est douteuse. Mais fallait bien un ressort dramatique autre que la compétition entre Maverick et Iceman ! Pauvre Goose (mais il est allé mieux après puisque il a été chirurgien dans Urgences … Où il est mort aussi, j’ai rien dit …).

Bain forcé après le crash. La flaque verte qui s'étend autour d'eux est un colorant spécial qui permet aux équipages des hélicos de sauvetage de repérer plus facilement les naufragés.


Le Commander Mike "Viper" Metcalf, interprété par l'excellent
Tom Skerritt
On pourrait s’étonner que le chef instructeur Mike Metcalf demande à ce que Maverick revole au plus vite. C’est au contraire la meilleure chose à faire dans ce cas-là. Si on le laisse mariner, le pilote risque de ne plus reprendre confiance en lui et refuser de voler à nouveau.








A suivre dans la troisième et dernière partie :


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